Ventre affamé n'a pas d'oreilles. T'as vu une aigrette ? Pas qu'une ! C'était l'heure du déj et nous marchions depuis l'aile buirette qui nous avait indiqué le chemin de halage. Nous étions d'abord passés au Super U acheter des langoustines fraîches pour midi et une araignée pour le dîner sans compter quantité de conserves des Mouettes d'Arvor en cas de pénurie d'ici l'an prochain. La ballade part du port de Pont-L'abbé et suit la rivière jusqu'à Loctudy. Magie de la nature tranquille où les oiseaux sont rois. Nous avons rebroussé chemin un peu après le bout de la digue. Sans contrepet cette fois ? Le sous-bois respirait l'air du large que cachait le port de pêche.


Après avoir largement profité de la symphonie de la nature je me suis finalement décidé à l'enregistrer. Trop tard. Un avion, rare, un couple de vieux randonneurs, moins rare, un coup de vent, classique. J'ai rangé le magnéto et nous avons hâté le pas vers les crustacés. Comme l'eau de source rapportée soigneusement dans une bouteille, le goût des langoustines n'est plus le même hors du pays. Nous avons poussé avec une poêlée de salicornes.


La veille j'avais fixé l'horizon. Il me manquait. J'ai besoin de l'horizon, suffisamment large pour y déceler la courbure de la Terre, comme je revis devant la cime des plus hautes montagnes quand les nuages les escaladent à la Cap Canaveral. Les noms changent, mais ces espaces immémoriaux sont les mêmes depuis des siècles. Que dis-je des siècles ? Des millénaires ! Et encore, j'ignore le terme qui me renverrait à une époque préhistorique où les êtres vivants jouissaient de cette vue vertigineuse propre aux mêmes interrogations métaphysiques.