Cinéastes de notre temps (1964-1972) produite par Janine Bazin et André S. Labarthe offrait la meilleure des émissions jamais réalisées sur la cinéma, avec en réalisateurs Jacques Rozier (pour Vigo), Eric Rohmer (pour Dreyer et Le celluloïd et le marbre), Jacques Rivette (pour Renoir avec Eustache au montage), Claude de Givray (pour Jacques Becker et Guitry), Jean-Louis Comolli (sur les cinémas québécois et hongrois, pour Perrault avec Labarthe), Noël Burch et Jean-André Fieschi (La Première Vague, Delluc et Cie, L'Herbier), Fieschi solo (pour Pasolini l'enragé, Rouch), Labarthe lui-même (pour Pagnol, Ford, von Sternberg, Jerry Lewis, Melville, Autant-Lara, McLaren, Le dinosaure et le bébé avec Godard face à Fritz Lang, pour King Vidor, Cassavetes, Cukor, Berkeley avec Hubert Knapp, pour Robbe-Grillet et Shirley Clarke avec Burch), Michel Mitrani (pour Ophüls), François Weyergans (pour Bresson), Jean Douchet (pour Astruc) et Astruc (pour Murnau), Jacques Baratier (pour René Clair), etc., la liste complète compte 45 épisodes dont Buñuel, Gance, Stroheim, Truffaut, Walsh, Hitchcock
La sélection de la seconde saison (1989-2001) intitulée Cinéma de notre temps ne m'enthousiasma pas autant, même si les réalisateurs sont Claire Denis (pour Rivette), Ackerman (sur elle-même), Assayas (pour Hou Hsiao-Hsien), Marker (pour Tarkovski), Limosin (pour Cavalier), Pedro Costa (pour Straub et Huillet), Julie Bertucelli (pour Iosseliani), etc., collection néanmoins aussi exceptionnelle et absolument indispensable (un coffret DVD est paru, mais la plupart des films sont bloqués pour des raisons de droits, car ils abritent quantité d'extraits). Y figurent encore Lynch, Scorsese, Kiarostrami, Cissé, Chabrol, Oliveira, Loach, Cronenberg, Moullet… Alors commencez par suivre les liens ;-)
Le principe initial était de réaliser les sujets dans le style des cinéastes abordés, et des auteurs comme Labarthe faisait preuve d'une imagination incroyable, qui n'existe plus aujourd'hui que sur une petite chaîne confidentielle (où enfin des femmes réalisent !). Son Bleu comme une orange aborde la question de la couleur face au noir et blanc avec en solistes Soulage, Franju, Averty, Warhol, Brassaï, Charbonnier, Trauner, Varda et Klein, excusez du peu ! Pour illustrer le son dans son Samuel Fuller il termine avec 1'30 d'une fusillade où l'image n'affiche qu'un carton : "le son".
L'INA numérise ses archives à tours de bras, mais sans en regarder sérieusement le contenu ! L'Institut National de l'Audiovisuel dort sur un trésor. La plupart des 70 documentalistes travaillent machinalement, désinvestis par une hiérarchie absurde. Pendant ce temps et tandis que le numérique (pratique, mais fragile) envahit tous les secteurs audiovisuels les studios américains sauvent leur patrimoine sur une pellicule argentique 35 mm Kodak spéciale. Ce n'est pas une blague, mais la longévité du vieux support est le seul garanti !