En danois Den Sorte Skole signifie L'École noire, mais j'ignore les raisons du choix de ce nom de groupe si ce n'est que la pochette de leur album III est de cette couleur sans aucun signe extérieur ni sur les six faces du vinyle. Mais le noir est-il une couleur ? Le peintre Claude Monet ne le pensait pas. Vendredi soir, leur show à La Gaîté Lyrique, dans le cadre du Festival d'Île-de-France, plongé dans le noir était au contraire fortement coloré, tant la musique que les projections sur les quatre murs encerclant le public.


Sur la scène Martin Højland et Simon Dokkedal ressemblaient plus à des percussionnistes qu'à des DJ, leur musique sonnant très différente des martelages répétitifs de la techno ou de l'électro. Leur culture générale en matière musicale est suffisamment étendue pour qu'ils osent emprunter leurs samples à tous les courants, et en particulier à ceux des musiques du monde, conférant au concert un effet de rituel magique. Seraient-ils à l'électro ce que Pharoah Sanders fut au jazz ? Ils diffusent les parfums bruts de l'Afrique ou de l'Asie en les habillant de l'écrin de la technologie occidentale. La musique de Den Sorte Skole est aussi construite comme une série de chansons ou plutôt de petits scénarios très architecturés, ne craignant ni les cassures ni les surprises. On est très loin de la forme vectorielle A vers A' de nombreux concerts de techno. Dans deux ou trois semaines sort leur quatrième album, Indians & Cowboys, dont ils livrèrent l'exclusivité au public parisien. Comme les précédents, il sera donné gratuitement en téléchargement, pâle reproduction de l'original en vinyl qui, lui, sera vendu.