La Maison de l'île de la Réunion à Paris, 21 rue du Renard dans le 4e, a enfin été inaugurée la semaine dernière. Le scénographe Raymond Sarti, avec qui je travaille depuis 1989, en a conçu la boutique, les espaces d'exposition et la mise en lumière nocturne, mais le clou de la façade ne sera en place qu'au printemps. Un gigantesque nid en bois de goyavier viendra se poser devant les fenêtres des trois étages de bureaux qui surplombent les espaces publics. Je m'en suis inspiré pour sonoriser la façade, des haut-parleurs arrosant discrètement le trottoir devant les vitrines pour inviter les passants à franchir les portes. La partition est composée de percussion de bois, de chants d'oiseaux et de vagues. J'ai transposé les chimes en bambou dans le grave pour donner une impression de bois flottés qui s'entrechoquent ou préservé leur légèreté pour les faire osciller au gré des courants d'air que la rue du Renard m'inspire ! Les oiseaux de la Réunion et les vagues ne surgissent que ponctuellement et la boucle dure 90 minutes pour révéler suffisamment de surprises chaque fois que l'on passe les portes de la boutique où sont vendus quantité de produits agroalimentaires et artisanaux. J'ai d'ailleurs craqué pour les rhums arrangés, achards, piments, curcuma, gousses de vanille bio, thé blanc... La circulation automobile confère à ma partition un autre cycle, alternance du oui/non si le feu est rouge ou vert devant le Centre Pompidou ! Les moteurs camouflent toute tentative de sonorisation dans cette portion souvent très chargée de la rue, mais dès que le feu tricolore passe au rouge une bouffée d'air frais surgit du tumulte. J'ai évidemment choisi des sons qui s'en distinguent, même si celui des vagues est de l'ordre du bruit blanc, typique de la ville. J'ai ajouté quelques chimes cristallins qui feront relever la tête des passants et admirer la future sculpture du nid. L'ensemble invite au voyage, vague d'exotisme au centre de Paris.