Les voix de Tamia sont les perles d'un collier qu'un fil relie magiquement d'île en île. Cette énigme de l'Atlantide révèle tous Les chants de la Terre par un passage secret où le sacré n'a d'autre source qu'une humanité retrouvée, malgré les assauts du temps et la folie des hommes.
Après trente ans d'une carrière internationale commencée avec son étonnante apparition au cours d'un concert mythique au Festival de Châteauvallon en 1972 au sein d'un Unit¹ réunissant Michel Portal, Bernard Vitet, Beb Guérin, Léon Francioli et Pierre Favre, la chanteuse Tamia avait disparu de la scène, et même disparu tout court. En 1977 nous avions partagé maintes improvisations avec Un Drame Musical Instantané² avant que Tamia ne se produise essentiellement en solo, puis en duo avec le percussionniste Pierre Favre (2 disques chez ECM). Son enseignement forma longtemps de nombreux vocalistes. Lorsque Bernard Vitet était tombé malade je l'avais recherchée en vain, le Net ne relatant qu'une homonyme canadienne née une trentaine d'années plus tard. La notoriété de cette chanteuse de new soul poussa notre Tamia à ajouter Valmont à son nom pour éviter toute confusion. Après un passage à vide qui guette tout créateur indépendant, Tamia refait aujourd'hui surface en rééditant son album sorti en 1999 chez Universal (elle a juste changé l'ordre des pièces) et annonce la sortie prochaine d'un tout nouvel opus.
Récemment je reçus donc un coup de téléphone inattendu. Comment ne pas reconnaître ce timbre de voix unique où les harmoniques glissent de syllabe en syllabe ? Nous avons beaucoup parlé, évoquant l'avenir encore plus que le passé. Le lendemain de nos retrouvailles je posai la nouvelle version de son CD Les chants de la terre \ Earth Songs sur la platine comme l'un de ses bijoux étalés comme autant de souvenirs, parures chatoyantes d'un rite païen dont les matières et les couleurs reflètent les voyages vécus ou simplement rêvés. A capella ou accompagnée par le percussionniste Xavier Desandre-Navarre et le multi-instrumentiste Henri Agnel, Tamia revisite les continents et les réinvente en enregistrant sa voix sur plusieurs pistes, convoquant de temps en temps un chœur, sans aucune parole, jouant des possibilités incroyables de la voix humaine, seule divinité immatérielle de ses rituels purificateurs. Nancy Houston, qui s'est inspirée de Tamia pour le personnage principal de son roman Lignes de faille, signe le texte de présentation de cet album merveilleux.

→ Tamia Valmont, Les chants de la terre \ Earth Songs, Eolico 01 (réédition de l'album paru initialement chez Universal)
¹ Michel Portal Unit No, no but it may be, réédité en CD dans une version inédite intégrale, Universal
² Un Drame Musical Instantané, Poisons, GRRR