Souvent je prends des photos sans savoir à quoi elles serviront, mais j'ai toujours les illustrations du blog à l'esprit. Dans le passé, cela fait tout de même douze ans que je publie un article par jour, lorsque j'étais sec je regardais les images que j'avais mises de côté pour voir si l'une d'elles m'inspirait. Ces dernières années j'ai écrit de plus en plus de chroniques, disques, DVD, bouquins, comptes-rendus d'expositions... Lorsque je voyage il y a une évidence, mais, sédentaire, je risque de tourner en rond, du moins sur l'écran de mon ordinateur.
Il y a trente ans j'aurais écrit "sur le papier", mais les temps ont changé. J'ai rempli des cahiers entiers, de pensées intimes, d'ébauches de projets, de croquis, de choses à faire, près de quatre-vingt. C'est comme ma base de données. J'ai commencé par recopier les notes de pochette des disques que j'empruntais à des copains et que j'enregistrais sur bande magnétique, puis sur cassette. Pareil pour les émissions de radio que je cochais sur Télérama. J'ai fait des fiches par artiste, renvoyant aux numéros de bande. Et puis un jour il a fallu tout recopier sur FileMaker Pro, comme le carnet d'adresses. Aujourd'hui j'ai abandonné cette nomenclature, me fiant dangereusement au champ de recherche de Spotlight. Le problème, c'est que c'est réparti sur plusieurs disques durs externes de 3 To. Les anciens fichiers sauvegardés sur CDR, puis DVDR, sont indexés sur Tri-Back-Up, mais les plus récents ?
De toute manière j'ai emmagasiné beaucoup trop de choses. Il faut que je me débarrasse de quantité de livres que je ne relirai jamais et de disques que je n'écouterai plus, jeter les centaines de VHS qui encombrent mes étagères, donner mes collections de revues (Actuel, L'Art Vivant, Photo, Zoom, 40 ans de Cahiers du Cinéma...) si je n'arrive pas à les vendre. Je garde les livres d'images, la poésie, les auteurs qui m'ont façonné. Les vinyles ont déjà été expurgés, mais je conserve le classique et le contemporain, le rock et le jazz qui me bottent encore, la chanson française et la voix des auteurs, les disques de mon enfance et les trucs les plus bizarres. Cela constitue encore un sacré métrage et son poids lourd. Je vendrais bien ma collection de timbres, mais je ne sais pas à qui m'adresser sans me faire arnaquer. Il faut aussi grimper au grenier et faire de la place. Il y a là de vieux vêtements, des cartons vides, mais aussi toutes les archives d'Un Drame Musical Instantané, des kilos de partitions et de coupures de presse. Cela demande beaucoup de courage.
Je regarde le vieux platane de La Ciotat dont les feuilles d'automne envahissent la terrasse et le gravier. C'est peut-être avec cela que l'on faisait du papier ? Je regarde le vieux platane et je me dis que les arbres sont une des rares choses qu'il faudrait préserver. Le reste n'est que vanité.