Elle m'arrache la cage thoracique comme si mes côtes explosaient. Elle me donne des coups de butoir dans les reins à me plier en deux, mauvais sens du pliage, comme si ma nuque allait frôler mes fesses. Elle creuse mes omoplates jusqu'à ce qu'elles se touchent. La suroxygénation manque de me faire m'évanouir alors que j'emprunte un passage clouté. Je récupère mon souffle en arrivant sur le trottoir d'en face. J'ai traversé la Manche. Il y a longtemps qu'il n'y a plus de clous argentés, juste la trace de la guillotine en face du jardin de la Roquette et des barbelés jusqu'au tunnel. Respirer doucement. Le moment le plus terrifiant est au bord du sommeil, lorsque je vais me coucher. Souvent je me relève pour une heure, le temps d'une Ventoline, d'une cuillérée de miel, d'un pschit nasal, d'une propolette, d'un sirop pour l'atout, que sais-je ? J'ai repensé à cette femme endormie devant les Turner. En stéréo, Sunrise with sea monsters et A wreck, with fishing boats. Soignait-elle elle-même un mal de Tate ? Le vent du large me donnerait-il un répit ? Les vagues diffusant leur sérum physiologique gifleraient mon visage à grands seaux. Des monstres dans les embruns. Une épave. J'inventerais n'importe quoi pour que ma toux cesse. Matous ? Petits matous ? Serait-ce l'inquiétude de ces trois nouvelles naissances ? J'ai tout essayé, de la pharmacopée chinoise aux pilules bleues, du shiatsu à la méthode Coué, ma terre de Golem tremble magnitude 7. C'est comme tout, bien sûr, on sait que ça passe, un jour, mais quand ? Je suis sur les genoux et Elsa qui me reprochait de trop me plaindre, me voilà bien !