La première fois, nous nous étions mariés parce que je n'avais pas la garde partagée, et donc aucune autorité en cas de décès ou même d'absence de la mère de ma fille. Je n'aurais, par exemple, pas pu la faire opérer si cela avait été nécessaire. Ou bien une personne de la famille de sa maman aurait pu en exiger la garde, prétextant que j'aurais été un mauvais père. Cette probabilité était peu envisageable, mais allez savoir comment chacun/e réagit à la catastrophe. La naissance et la mort suscitent des réactions imprévisibles, parfois inexplicables. Il aurait fallu sinon passer devant un juge. Nous avions choisi la simplicité, la mairie du XIème. La loi a changé depuis. Nous nous sommes mariés sans alliances, avec deux amis comme témoins. Comme il fallait aller chercher notre fille à la crèche, nous n'avons même pas eu le temps de leur offrir un coup au café du coin. Ce verre, nous l'avons pris à deux, juste après avoir divorcé, au café situé en face du Palais de Justice, une dizaine d'années plus tard. Divorce à l'amiable avec la même avocate. Nous sommes restés amis. Je plains les couples qui ne se parlent plus, incapables de se souvenir des moments heureux passés ensemble. On ne peut pas réécrire le passé, même si personne ne vit le même. Nous sommes tous et toutes responsables de nos choix.
Le mariage est un carcan social. L'amour n'y a pas sa place. On va y chercher l'assentiment de la société, le regard des autres, une officialisation en paraître. La famille est un solide moyen de pression pour calmer les révoltes. Techniquement cette institution peut offrir autant d'avantages que de désagréments. Chacun/e fait comme il l'entend, selon ses besoins et ses fantasmes. Mais plus le mariage est simple, plus le divorce, s'il a lieu, sera simple.
La seconde fois ne fut guère plus festive. Aller-retour à la Mairie quinze minutes départ arrêté avec deux voisins comme témoins. Personne d'autre présent que les responsables municipaux. Je voulais juste lui faire plaisir en répondant à sa demande, histoire de famille. Il est parfois difficile de se défaire des liens qui nous rattachent par le sang ! Cette pathologie n'épargne personne. Se protéger l'un l'autre fait partie des alibis techniques que la loi perverse nous suggère. La première comme la seconde fois je m'en fichais, ne pensant qu'à l'amour, seule union réelle à mes yeux. Treize ans et seize ans fantastiques avant qu'un jour tout s'écroule pour des raisons souvent qu'aucun des protagonistes n'est capable d'identifier sérieusement dans l'instant. Plus tard, parfois, je ne sais pas. Mais de l'amour il y en eut, beaucoup. Et il y en aura.
Aujourd'hui un divorce simplifié à l'amiable prend un mois, disons deux le temps de rassembler le dossier, de prendre rendez-vous chez l'avocat dont les honoraires ont considérablement baissé dans ce cas de figure. Séparation. C'est tout. Sans heurt, courtoisement, presque tendrement. Je ne sais pas grand chose. L'avenir, seul "conte". Pour voir.