Franck Vigroux est un caméléon qui joue des nuances de gris en prenant la couleur de la muraille. Pour parvenir à ses faims, il a choisi la musique comme médium à en faire tourner les tables de mixage sur elles-mêmes, provoquant un maelström de bruits assourdissants qui lorgnent sur le drone, sorte de rouleau compresseur n'autorisant aucune contradiction. La dialectique est absente. C'est fort et brutal. Il flotte une odeur de fauve, des mâles sans aucun doute. L'électronique y est animal, bête du Gévaudan des temps modernes. La matière sonore est bien matière, des murmures, des bruits de surface, de lourdes percussions se mêlant aux sons se synthèse. Mais je n'ai rien vu à Hiroshima. Les pochettes des deux vinyles ne livrant aucune information, j'ai volé vers son site que j'ai épluché avec un économe pour creuser sous la peau. L'écorché est sombre, lugubre, cosmique, orageux. J'ai regardé les pixels d'Antoine Schmitt et les corps de Kurt d'Haeseleer, les performances de Vigroux lui-même. Partout règne le chaos, mais un chaos organisé, dressé, une ligne directe comme le faisceau d'un laser, un torrent de lames. J'imaginais la mort autrement, plus complexe, plus sensuelle, mais nous n'avons pas tous la même approche. Alors je me suis laissé porter par cette rage intérieure et quand tout s'est tu j'ai rêvé d'un chant de fleurs...

→ Franck Vigroux, Rapport sur le désordre, LP D'autres Cordes
→ Franck Vigroux, Théorème, LP D'autres Cordes