Les choses se précipitent. Je n'arrive pas à prendre une minute pour écrire. Je parle, je parle, je parle, et l'heure tourne. J'ai beau être bavard, j'ai envie d'écouter. Qu'évoquer sinon ? Il paraît qu'en quittant la fête j'aurais dit : "Moi aussi j’aimerais qu'on me parle !" C'était il y a trois ans. Je ne me souviens pas non plus d'avoir un manteau jaune. Pourtant cela a commencé ainsi, par un départ. Que s'est-il passé depuis ? D'autres départs, d'autres arrivées. J'ai beau courir, on me rattrape. Au vol ou par le col, nigaud vertigo. Je revois le film des évènements. Les évidences se bousculent au portillon. Dans tous les sens, comme dans une serre à papillons. Je veux toujours aller trop vite. La radio : "c'est comment qu'on freine ?". J'enfourche la petite reine. Direction l'étoile. Je la garde dans ma poche depuis l'enfance. Elle est là pour si jamais je me perdais. Un vieil héritage. Du temps où il n'y avait encore personne. Ni ici ni nulle part. Et puis tout à coup. Les arbres s'embrassent. Ils communiquent. Tout s'éclaire. Je vois la route. Avec tout au bout la lune qui grossit dangereusement. Plus aucune couleur n'est pareille. "Tu déménages Titine ? Non je change de rue !" Je suis suivi. On me veut à bon port. J'apprécie l'attention. Un miaulement. C'est bon signe. J'avale ma salive. Régler les battements sur le rythme des vagues. Ça soulage. Du calme. J'ai trouvé la minute. Je la recopie. Sur la plage la mer recopie cent fois le verbe... Je le savais. Encore fallait-il. Les yeux fermés. Je savoure.