Quand la musique prend son temps. Le temps de goûter chaque note, chaque accord, le temps de préparer les oreilles à l’écoute. Lenteur et délicatesse. Jozef Dumoulin assura la première partie du quartet Slow avec la plus grande tendresse sans craindre les dissonances soudaines. Les murmures arpégés de l’intro identifient le silence (nous sommes dans celui du Studio de l'Ermitage) et l'impose au public. Une forêt de pédales est posée sur le coffre de son Fender Rhodes et forme carrelage à ses pieds. Le comédien Denis Lavant, rencontré avec Nicolas Clauss qui en avait fait son portrait mouvant, me demande comment on appelle cette musique ? Il s’est lui-même déjà produit avec le percussionniste Laurent Paris qu’on entendra en seconde partie. Si la question est banale, la réponse l’est tout autant. Expérimentale ? Electro ? Aujourd'hui les étiquettes valsent plus que jamais.


La musique du projet Slow est plus évidemment jazz, mais la lenteur des tempi lui donne une allure d’éternité. Il y a longtemps que je n’avais pas entendu un aussi beau timbre de trompette ou de bugle, le son rond de Yoann Loustalot me rappelant celui de mon camarade Bernard Vitet, a fortiori celui de Miles ! Ceux des trois autres sont aussi veloutés, Éric Surmenian en pizz ou à l’archet, Julien Touery frôlant les touches du piano, Laurent Paris variant ses timbres malgré une batterie réduite à une grosse caisse posée horizontalement sur pieds, une caisse claire et quelques cymbales. L’évidence des thèmes mélodiques est surprenante. À mon goût, j'aimerais juste un peu plus de grincements sur peau ou métal, Paris s'y entendant à merveille pour en varier les formes et les couleurs. ..


À l'entr'acte je croise le violoniste Lucien Alfonso qui organise ce vendredi soir la soirée du label Wopela sur la Péniche Anako. De 20h à minuit s'y succéderont Giuoco Piano, la Cosmologie de la Poire, Odeia (dont Elsa est la chanteuse) et Monsieur Lulu.