Si China Gate n'est pas mon Fuller préféré, j'ai eu beaucoup de plaisir à le revoir dans sa version restaurée, une première ! Son anti communisme primaire avait probablement valu à Samuel Fuller sa mauvaise réputation auprès de critiques de l'époque, mais ce film de guerre est surtout un pamphlet contre le racisme et la guerre, sujets qui ont toujours préoccupé le cinéaste indépendant. Même dessinés au couteau, les personnages ne sont jamais manichéens. Gene Barry qu'on retrouvera dans Forty Guns, Angie Dickinson qui était au début de sa carrière et Nat King Cole qui chante la merveilleuse chanson-titre forment un trio étonnant comme on en voyait peu en 1957. Dans le bonus Peace of Mind, la compagne et la fille de Fuller s'évertuent une fois de plus à redorer son blason, car il reste largement mésestimé alors que c'est un de mes cinéastes préférés pour ses directs et uppercuts cinématographiques, de Park Row à White Dog en passant par Pickup on South Street, House of Bamboo, Run of the Arrow, Verboten, Underworld U.S.A., Shock Corridor, The Naked Kiss, etc. Un bémol tout de même dont on a hélas l'habitude : il est dommage d'entendre des dialogues anglais alors que l'action se passant pendant la guerre d'Indochine la véracité à laquelle Fuller est très attaché devrait entraîner des échanges en français. Le montage de stockshots documentaires est d'ailleurs ici très intéressant dans la fiction dramatique. Enfin Lucky Legs est un rôle de femme forte comme Fuller les a souvent montrées, et le jeu réservé de Nat King Cole procure un recul critique déterminant dans le scénario...



→ Samuel Fuller, China Gate, DVD ou Blu-Ray Carlotta, 20,06€