La vue du moindre pilône me rappelle Woman At War, l'excellent film de l'Islandais Benedikt Erlingsson. En fait son thriller est une coproduction islando-franco-ukrainienne. La tentation de l'arbalète est forte, pas forcément pour empêcher des Chinois de racheter les fleurons du coin, mais pour couper le jus qui alimente tout ce qui est considéré progrès, mais nous rend fous et idiots, à commencer par la télévision. Je me souviens de La grande lessive (1968) de Jean-Pierre Mocky où Bourvil interprétait un instituteur en lutte contre ce qui abrutissait ses jeunes élèves, détruisant méthodiquement les antennes de leurs parents. Sound of Noise (2010) me remonte aussi en mémoire ; le long métrage suédois de Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson n'était pas du niveau de leur court, Music for One Apartment and Six Drummers, mais il était question de ce silence qui nous manque, abrutis par la conspiration du bruit. C'est contre l'excès d'images dans la ville qu'Ella & Pitr peignent des fresques gigantesques sur les toits de manière à ce qu'elles soient invisibles autrement qu'en entamant un voyage dans la lune !


Amateur, donc, de plongées urbaines, le couple d'artistes accompagnés de leurs enfants et d'une bande de copains stéphanois nous ont fait découvrir leur ville depuis la colline du Guizay. Après le pique-nique où nous avions apporté des tielles et une salade de poulpes (comme Ella & Pitr aiment en dessiner !) achetées près de Montpellier, nous ne sommes pas restés camper, d'autant que nous reprenions la route le lendemain, mais la nuit qui tombait sur la ville était magique. Elle rappelait des vues d'avion au décollage avec en prime un croissant de lune dans un halo brumeux annonçant le beau temps que nous quitterions en remontant vers le nord. L'herbe était encore verte.