L'été dernier en Roumanie, lors de notre voyage d'études pour le projet sur la ville utopique de Victoria, lieu de mon prochain gros travail discographique en 2021, nous avons visité un bunker souterrain en zone protégée pour ne pas dire interdite. Au gré de nos fouilles nous avons découvert d'inquiétantes affiches sur diverses armes de destruction massive, chimiques, nucléaires, biologiques, etc. Appréciez l'etcétéra s'il-vous-plaît ! La proximité du Coronavirus m'a incité à prendre une loupe pour observer les phylactères de cette bande dessinée dystopique, avec la difficulté que représente pour moi de traduire ces précautions élémentaires depuis le roumain. Le premier article répertorie les différentes menaces, bactériennes, virales, et puis les rickettsies (je ne connaissais pas cette spécialité gastronomique dont nous sommes les proies), champignons, parasites, toxines... Certaines images évoquent la pulvérisation d'agents pathogènes dissimulés dans des véhicules anonymes, des avions, des bombes, des sprays. Il est ensuite conseillé de protéger ses denrées alimentaires, faire bouillir l'eau ou de consommer de la minérale en bouteille hermétique, prendre systématiquement sa température, collecter les ordures dans des containers spéciaux, désinfecter, se faire vacciner quand c'est possible... La liste est séduisante, mais vraiment pas rassurante !
On tempérera en se disant que les alertes amplifient souvent le danger, principe de précaution oblige. On pourra se dire que l'épidémie tombe à pic, que ce soit pour camoufler les problèmes économiques que rencontrent actuellement presque tous les états lancés dans un ultralibéralisme suicidaire pour ne pas dire criminel, ou pour réduire le nombre de retraités qui les préoccupe souvent tout autant ! On comparera avec le nombre de décès en France dus à la grippe saisonnière (8 100 en 2018-19), aux accidents de la route (3 500), et surtout aux autres causes qui relativiseront la panique ou la créeront selon votre caractère : cancer 147 500, cardio-vasculaire 140 000, tabac-alcool-drogue 90 000, obésité 55 000, diabète 32 150, maladies infectieuses 25 600, accidents domestiques 16 500, poumons 16 000, suicides 12 900, accidents du travail 1 300, homicides 740, noyade 700, avion 8 ! J'ignore où ce classement place les 48 000 morts de la pollution ? Ces chiffres mortels vous permettent de choisir la manière dont vous souhaitez vivre. J'ai raconté que lors de mon séjour à Sarajevo pleuvaient 1 000 obus par 24 heures et que j'en suis revenu indemne (du moins physiquement !) alors qu'un ami resté à Paris s'y était tué en voiture le jour de mon retour...
Les conséquences de cette crise sont intéressantes, car souvent contradictoires. On pourra par exemple constater que le scandale est bien à pointer dans la gestion de la santé par notre gouvernement. La crise hospitalière ne va pas s'arranger avec les mesures concernant le Coronavirus. On peut aussi se demander si choisir cette épidémie mondiale pour interdire les manifestations, les grands concerts, les marchés en plein air (la police a parfois de drôles d'initiatives, surtout lorsqu'elle ferme les yeux sur le supermarché situé en face), etc., n'est pas carrément contreproductif de la part de notre état policier qui s'assoit régulièrement sur la démocratie. En tout cas l'économie mondiale va en prendre un coup. Notre exploitation des produits manufacturés en Chine apparaît clairement, et par là-même notre dépendance au détriment de la production locale. Les gens vont se cloîtrer chez eux et se méfier du moindre éternuement de leur voisin. Mais franchement, à bien regarder les chiffres plus haut, l'inquiétude devrait saisir chacune et chacun sur la manière dont les gouvernements et l'industrie pharmaceutique traitent notre santé. Chaque cause de décès et son nombre me plongent dans de perplexes interrogations et d'étonnantes réflexions. Tout cela pour signifier que du Coronavirus je me fiche comme de ma première chemise, malgré mon âge avancé me rendant plus fragile que les plus jeunes qui s'en émeuvent. Faites surtout attention en traversant la rue, ne mangez pas n'importe quoi, faites de l'exercice, aimez votre prochain, et prenez le temps de vous révolter contre cette société absurde qui nous abrutit et nous formate en nous faisant oublier l'art de vivre.