70 Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 2 avril 2020

Idir et Johnny Clegg sur Télérama


Sur le site de Télérama, Anne Berthod écrit : Petit tour du monde virtuel en huit concerts et un improbable tête-à-tête, à voir en charantaises
(Sages Comme Des Sauvages Chucho Valdés Oficial Rusan Filiztek Jean-Jacques Birgé Flavia Coelho Macha Gharibian Emel Mathlouthi Benin International Musical Boogie Drugstore)
Le tête à tête improbable, c'est le film que j'ai réalisé en 1993,
"Idir et Johnny Clegg a capella".
Anne Berthod écrit à son propos :
"Contrairement à ce que le titre suggère, il ne s’agit pas là d’un concert en duo, mais d’une rencontre par satellite interposé, filmée en 1993 par Jean-Jacques Birgé, entre deux voix de la résistance émergées aux deux extrêmes géographiques de l’Afrique. D’un côté, Idir, le chantre algérien de la culture kabyle, auteur de l’inusable A Vava Inouva ; de l’autre, Johnny Clegg, le zoulou blanc sud-africain, auteur du planétaire Asimbonanga. Entre images en noir et blanc, confessions biographiques et chansons improvisées à la guitare, leur face-à-face surprenant – l’un est un cérébral, un brin austère, l’autre un doux illuminé, qui va nourrir ses poules entre deux bouts de conversation – donne lieu à une échange plus profond qu’on aurait pu s’y attendre : une excellente surprise.
on aime beaucoup Un film à revoir sur Dailymotion :..."


J'ajoute que j'ai fini par penser que c'était un film freudien, mais il faut aller jusqu'au bout pour comprendre de quoi il s'agit véritablement.
Il faut aussi imaginer qu'à l'époque Skype et consorts n'existaient pas. La série Vis à Vis était une idée géniale du producteur Patrice Barrat... Et en 1993, filmer en Algérie ou en Afrique du Sud, c'était très chaud. Mais moins que ce qui allait suivre...
A part cela, c'est un super programme concocté par Télérama !

John Tchicai With Strings


Lorsqu'Antonin-Tri Hoang m'a conseillé d'écouter le disque John Tchicai With Strings enregistré en 2005, j'ai pensé aux œuvres qui mêlaient jazz et orchestre à cordes ou même symphonique, comme Skies of America d'Ornette Coleman, Charlie Parker with strings, Clifford Brown with strings, The Body & The Soul et Sing Me A Song of Songmy de Freddie Hubbard, Lady in Satin de Billie Holiday, Three Windows du Modern Jazz Quartet, Mickey One et Focus de Stan Getz (plus Refocus de Sylvain Rifflet), des disques de Michael Mantler, Frank Zappa, Charlie Mingus, Duke Ellington, Joni Mitchell... J'en oublie. J'ai toujours aimé le mélange des genres et des outils, tentant par mes instruments de synthèse de m'approcher de la masse orchestrale qui m'a toujours fasciné. En 1984 avec Un Drame Musical Instantané nous avons pu jouer ainsi La Bourse et la Vie avec le Nouvel Orchestre Philharmonique de Radio France, ou en 1989 J'accuse avec un orchestre d'harmonie de 80 musiciens (comme récemment Das Kapital pour Eisler Explosion).


Mais voilà, il n'y a pas plus de cordes que de beurre en branche dans John Tchicai With Strings. On voit bien qu'elle manque à l'oiseau sur la pochette. Il y a bien des échantillonneurs. Mais sutout, la musique me rappelle furieusement certains albums que j'ai enregistrés avec Alexandra Grimal, Fanny Lasfargues, Sylvain Rifflet, Sylvain Lemêtre, Vincent Segal, Linda Edsjö, Sophie Bernado, et plus récemment Élise Dabrowski, Mathias Lévy, Jonathan Pontier, Christelle Séry, Karsten Hochapfel, Nicholas Christenson, Jean-Brice Godet, Jean-François Vrod, Hasse Poulsen et tant d'autres dont nombreux justement avec Antonin qui savait ce qu'il faisait en me mettant la puce à l'oreille !
Jusqu'ici Tchicai rimait pour moi avec le New York Contemporary Five ou le film de Michael Snow New York Eye and Ear Control avec Albert Ayler, mais je ne connaissais pas son travail avec le passionnant guitariste danois Pierre Dørge par exemple, ou son Grandpa's Spells, mélanges de free, de jazz traditionnel et de musique africaine. On avait certes l'habitude avec l'Art Ensemble of Chicago, mais ce n'est pas si courant dans la musique d'improvisation européenne. Je comprends mon ami saxophoniste parce que le son, droit, détaché, parfois aylerien, et le jeu mélodique de Tchicai sont très proches des siens. De plus, les musiciens qui l'accompagnent sonnent comme un orchestre, un grand orchestre contemporain, entendre qu'ils utilisent les ressources de la nouvelle lutherie électrique et électronique pour construire des timbres inédits. À côté de l'alto, Tchicai, fils d'une mère danoise et d'un père congolais, joue de la clarinette basse et, à la fin de With Strings, dit un poème du très regretté poète Steve Dalachinsky ! On ne s'étonnera pas que je sois séduit par les polyinstrumentistes du duo anglais Spring Heel Jack, John Coxon et Asley Wales. Le premier cumule guitare électrique, piano, échantillonneur, clavecin, percussion ; le second, échantillonneur, trompette, percussion... Le percussionniste Mark Sanders se joint à eux sur la moitié des titres de ce très bel album, forcément inclassable, le critère qui m'est le plus cher tant j'aime être étonné...
Ce disque et les autres que j'ai cités plus haut me feront attendre tous ceux que la Poste retient depuis trois semaines, comme le solo de Mirtha Pozzi, TZIMX, ou le nouvel album collectif produit par le label nato, Vol pour Sidney (retour), qui s'ouvre avec Petite Fleur chanté par Elsa accompagnée par Ursus Minor, rien que ça !