Depuis cet article du 27 juillet 2007, les propriétaires de certaines plateformes se sont érigés en censeurs et des lecteurs en délateurs. C'est le lot du bénévolat participatif anonyme. La brutalité des échanges virtuels n'a rien à voir avec la nécessité de composer dans la vie réelle en général.
Quant à la haine, elle se retranche derrière la liberté d'expression. Je chantais alors "Moins on en parle mieux on se porte." comme ma mère le répétait lorsqu'un journal pointait l'antisémitisme en gros titre de sa une. Les médias aux ordres qui dénoncent les crimes de désaxés en les attribuant à une quelconque idéologie savent très bien qu'ils créent des vocations morbides. Et ces leurres cachent les vrais problèmes, jamais abordés au Journal de 20 heures. Les faits, amplifiés ou édulcorés, remplacent l'analyse et la réflexion. Chaque fois que l'État interdit abusivement, il fabrique ce qu'il est censé combattre. Parfois sous contrôle, d'autres fois cela lui échappe simplement. Bête et méchant. Nocif, certainement...
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Hier [26 juillet 2007] j'ai dû effacer un paquet de propos racistes sur YouTube en commentaires de mon film Le sniper et j'ai techniquement interdit à leurs auteurs de continuer de se répandre. Internet favorise les échanges, mais certaines limites s'imposent. Libre à chaque rédacteur de jouer son rôle de modérateur en excluant la haine de son site.
Les commentaires qui y sont commis, souvent sous couvert d'anonymat, sont aussi de la responsabilité légale de celui qui les gère. Il est parfaitement attaquable en justice même si les phrases litigieuses ont été supprimées très vite. Cela explique que les commentaires de certains blogs nécessitent de passer par l'acceptation d'un modérateur avant de pouvoir être publiés.
N'empêche que cette haine est un douloureux retour à la réalité, même et surtout si elle est niée et bafouée. En 1991, je chantais Der Hass ist der Armen Lohn sur le disque Kind Lieder d'Un Drame Musical Instantané, une chanson que j'écrivis en partie en allemand avec en tête Un survivant de Varsovie, une des dernières œuvres d'Arnold Schönberg :



Der Rassenhass.
Je weniger davon dir Rede ist, um so besser fühlt man sich.
La haine raciale
Profitverschleierung'
La haine Le profit.

Der Hass ist der Armen Lohn
Je weniger davon dir Rede ist, um so besser fühlt man sich.
Denn diejenigen, die ihn einimpfen, wollen seinen Pelz,
Sein Robbenfell oder seine Schlangenhaut:
Elefanten Sterne!
Profit,
Je mehr davon die Rede ist, um so besser wird man sich fühlen.

La haine est le salaire des pauvres.
Moins on en parle mieux on se porte.
Targui, Palestiniens,
Le profit, source des maux,
Vous arrache la peau.

Was gibt es gerechteres als man selbst, der sich vermengt?
Völker in der Mehrzahl der Arten
Geben wir Cäsar das wenige, das ihm gebührt.
Für jeden einzelnen ist es viel,
Für alle zusammen ist es alles.

Photo de l'expo Kiefer au Grand Palais
Le texte du sniper - Exposition à Soft Target (Utrecht)
Texte original d'Un survivant de Varsovie (1947)