Article du 2 septembre 2007

Dès les premières mesures de Tropic of Capricorn, je reconnais l'orgue de Brian Auger que je n'ai pas entendu depuis des décennies. Lorsque Julie Driscoll attaque Czechoslovakia, je revois les chars entrer dans Prague. Le bref A Word About Colour m'attrape par surprise, je sens des larmes couler sur mes joues. Je remettrai le morceau plusieurs fois sur la platine et, chaque fois, mes poils se redresseront comme un seul homme. En commandant le cd Streetnoise, je ne m'attendais pas à ce qu'autant de souvenirs enfouis remontent à la surface. 1969 : le Jim Morrisson de Light My Fire, l'Indian Rope Man de Richie Havens (vidéo ci-dessus), When I was a Young Girg arrangé par Jools elle-même, la comédie musicale Hair dont j'assistai à la première parisienne, et toutes les autres chansons rappellent cette époque de révolte adolescente où nous avancions debout sous un soleil qui nous réchauffait le cœur à tous, ensemble, petits soldats de la paix en costumes de clowns. Streetnoise réfléchit particulièrement cet enthousiasme. La musique progressive se construisait sans préjugé comme un éclat de voix rayonnant. Les utopies croisaient l'engagement politique et la sexualité explosaient par tous les pores de la peau.


On retrouvera Julie Driscoll qui, en épousant Keith Tippett, deviendra Julie Tippetts, dans le mythique Centipede de son mari produit par Robert Fripp (orchestre de 55 musiciens parmi lesquels Ian Carr, Mongesi Fesa, Mark Charig, Elton Dean, Dudu Pukwana, Gary Windo, Alan Skidmore, Karl Jenkins, Nick Evans, Paul Rutherford, Maggie Nicols, Mike Patto, Zoot Money, Roy Babbington, trois batteurs dont John Marshall et Robert Wyatt, etc.), le Spontaneous Music Ensemble, Tropic Appetites de Carla Bley ou aux côtés de Robert Wyatt, Maggie Nicols, Phil Minton... Elle s'orienta alors vers une musique plus expérimentale, souvent improvisée. Brian Auger and The Trinity n'accompagnait pas Julie Driscoll, mais à eux cinq (le guitariste Gary Boyle, le bassiste Dave Ambrose et le batteur Clive Thacker ne sont curieusement pas cités sur le livret) ils formaient un groupe qui faisait le pont entre le jazz et le rhythm 'n blues avec ce son très Canterbury que je n'identifiai pas encore, un parfum très proche de Soft Machine.




Je brûle d'impatience de recevoir leurs autres albums pour retrouver leurs reprises de This Wheel's on Fire de Dylan, Seasons of the Witch de Donovan ou Save Me d'Aretha Franklin, alors je clique et je claque !