Il n'y a pas que les mains d'une femme dans la farine. On peut rêver de celles d'un homme dans les épinards. J'ai fait des pieds et des mains pour prendre les miennes dans l'évier en train de laver les légumes de l'Amap, exquisement frais, sans aucun pesticide, ni même bio. Pied en équilibre instable et retardateur. Si ma chemise m'a donné l'idée du cliché, j'aime photographier mes mains plus que mon visage, même s'il n'y a pas que mes mains qui font des choses bien. Ce matin, je chante donc Nougaro et Lapointe ! Souvent dans mes portraits je fais rentrer mes mains dans le cadre. Je n'ai jamais été un fan des bustes manchots. Intellectuel par goût et nécessité, j'ai l'habitude de dire que je suis un compositeur qui met les mains dans le cambouis, alors que je déteste ce qui les salit, soit peu bricoleur pour un sou. L'évier est d'ailleurs source de gerçures nocives à mes précieux doigts de musicien, or ganté je perds ma sensibilité ! Je ne conçois la musique que dans le geste instrumental. Mon souffle ne me permet plus de mettre en valeur mes pieds de danseur électrique, alors j'associe souvent mes mains à mon sourire, m'interrogeant également sur l'expression de mes yeux et de ma bouche. Mes oreilles et mon nez sont moins malléables. J'arrive à faire bouger mes narines, mais mes oreilles ne sont sensibles qu'au son du corps. Bon, ce n'est pas tout ça, il faut que je passe en cuisine. L'Essentiel de Chartier me suggère ail noir, parmesan, curry, et surtout curcuma, parmi les ingrédients que je possède en magasin. Pour accompagner les épinards, il conseille bière brune ou vin blanc (Chardonnay, Riesling...). Je vais éviter. L'alcool au déjeuner me fait roupiller l'après-midi, et j'ai besoin de tous mes sens !