Je suis toujours surpris et agréablement surpris par des albums qui échappent aux classifications qu'imposent les marchands. En recevant celui de Katerina Fotinaki, je m'attendais évidemment à un disque de "musique du monde". Elle avait collaboré aux projets de sa compatriote Angélique Ionatos, mais j'ignorais qu'elle avait étudié avec Bernard Cavanna au Conservatoire de Gennevilliers. Tout cela s'échappe en fumée, bulles de savon, petites étincelles pop qui me rappellent l'approche jadis d'une Natacha Atlas. En mélangeant des reprises de Kiss Off de Violent Femmes, Carmen de Bizet, Septembre de Barbara, une berceuse de Benjamin Godard ou un rebetiko avec des compositions personnelles, Katerina Fotinaki construit un puzzle fictionnel qui nous fait parcourir l'arc-en-ciel de ses enchantements. Les textes de Louise Labbé, Kostis Palamas, Françoise Lo, Guillaume de Machaut, T.S. Elliot, William Blake transforment l'onirisme en poésie du quotidien. S'accompagnant de toutes sortes de guitares, de basses, de percussions, d'anches libres, en chantant en français, anglais et grec, elle alterne monologues et dialogues aéroportés et glisse sur des pistes aux couleurs aussi vives qu'inattendues. Il s'agit bien de la musique du monde, mais sans que cela soit un genre ou un style, son éventail représentant simplement un amour encyclopédique pour la voix et les émotions qu'elle transmet, universelles, magiques.

→ Katerina Fotinaki, Mixology, CD Klarthe, dist. Socadisc, 15€, sortie le 10 septembre 2021