Cette petite histoire m'avait fait réfléchir... Les démunis se sont largement multipliés depuis cet article du 7 janvier 2009. Le réchauffement climatique en accroîtra considérablement le nombre, sous l'emprise du capitalisme international qui s'est refait une nouvelle jeunesse sur le dos de la pandémie, pandémie économique et sociale plus que virale, les victimes dépassant largement les chiffres des hospitalisés et des défunts. Le pouvoir peut jouer avec les statistiques comme cela l'arrange, les dégâts sont perceptibles chez la population dans son ensemble, en partie psychologiquement.

Je venais enregistrer un entretien à France Musique avec Franck Médioni pour sa nuit Charles Mingus. J'avais dans ma musette les séances dirigées par Edgard Varèse avec entre autres Mingus et Macero, et l'interprétation d'Un Drame Musical Instantané de ''Don't Be Afraid, The Clown Is Afraid Too''. Il faisait plutôt froid. Comme j'étais un peu en avance à Radio France je suis allé boire un thé citron aux Ondes. Je lisais tranquillement le journal. On y parlait poussières d'étoiles et braquages de mômes. J'entends une vieille dame derrière moi demander au garçon s'il peut lui réserver sa table à l'année. Il semble que ce ne soit pas la première fois qu'elle lui adresse cette requête. Je me demande même si elle ne lui fait pas des avances. La voici qui se lève pour me parler :
- Je ne voudrais pas vous déranger, mais savez-vous ce qu'il est d'usage de laisser comme pourboire pour le service ? 10 ou 15% ?
- Depuis 1987, le service est compris dans les cafés et les restaurants. Si vous êtes contente de l'accueil vous pouvez toujours laisser un pourboire, mais rien ne vous y oblige...
- Il n'y a pas de taux précis ?
- Vous pouvez donner ce que vous voulez puisqu'il n'y aucune obligation.
- Le garçon ne me fera pas la tête ?
- Non, moi-même je ne laisse rien depuis que le service est inclus, sauf si je suis très content...
- Ah bon, et les taxis ?
- J'ai l'habitude de laisser 10%, mais rien d'obligatoire non plus...
- Vous avez le regard droit. C'est ce que je vais faire. Peut-être vaut-il mieux que je le donne à un pauvre. Vous n'en avez pas besoin, vous-même ?
- Euh, non, pas vraiment !
- Alors j'y vais de ce pas...
Le temps de dire ouf et je vois trottiner cette vieille dame indigne sur le trottoir comme une antilope avec son vison et son chapeau sur les oreilles.
Oui c'est elle, sur son fauteuil, là, tout au fond à la terrasse...

Le pourboire est propre aux pratiques des pays du sud dont nous faisons partie. Dans ceux du nord il est souvent considéré avilissant.