Ne regardant plus ou pas encore la télé à l'époque de sa diffusion en France en 1990, je découvre la série originelle de David Lynch. D'abord inquiet par le côté provincial des premières minutes du pilote, je suis de plus en plus emballé par la dérive loufoque qui s'affirme au fur et à mesure des sept épisodes de la première saison qui vient de paraître en dvd (TF1 Vidéo). Les clins d'œil critiques aux soap operas se multiplient avec humour, les personnages dévoilent leurs faces cachées plus tordues les unes que les autres. Les chassés-croisés sexuels et les détails surréalistes dessinent un portrait de l'inconscient de la petite ville de 51 200 habitants. Construisant sa méthode d'investigation sur sa nature obsessionnelle et ses étranges rêves énigmatiques, le personnage principal de l'agent du FBI Dale Cooper interprété par Kyle MacLachlan est absolument formidable. Les effets sonores grinçants de Lynch magnifient l'ambiance glauque et les guitares rocky de Badalamenti scandent efficacement le suspens du feuilleton, mais les boursouflures pour piano et violons du compositeur sont hélas à vomir. Si dès 1967 une série comme Le prisonnier a ouvert la voie à l'absurde claustrophobe, Twin Peaks annonce déjà Six Feet Under et Desperate Housewives. Son édition dvd apporte une qualité d'image et de son impossible à sa création lors de sa diffusion télévisuelle et l'on attend avec impatience la saison 2 qui doit paraître en décembre pour boucler (?) l'énigme de l'assassinat de la jeune Laura Palmer, prétexte à enquêter sur les dysfonctionnements d'une société vivant sur ses mensonges et son cynisme complice.