Sur son blog, Pierre-Oscar Lévy rappelle les différentes étapes de la lutte pour sauver la planète de 1827 à nos jours. Sous un déluge de dates, la catastrophe annoncée ne rencontre que peu d'écho chez les politiques à la solde des profiteurs. Personne ne souhaite savoir. Quand on écrit personne, cela signifie évidemment peu de monde. P.O.L. livre cette compilation édifiante, fruit d'une recherche pour un film qui ne se fera pas, et pour cause...
En 1995, j'écrivais de mon côté le scénario d'un long-métrage de fiction qui subira le même sort. J'en livrai ici-même le découpage des cinq premiers plans sous le titre Prégénérique de L'Astre. J'étais très présomptueux. Qui a envie de voir un film qui raconte la fin du monde ? Nous savons tous que nous allons vers la mort, mais nous ignorons que nous pourrions la vivre ensemble. Il ne s'agissait même pas de l'orgueil des hommes qui pensent devoir en être forcément responsables, mais d'un accident survenu dans le système de la gravitation. Rapidement la terre retombe au soleil et tend à lui pour s'y refondre... Je n'avais pas mis toutes les chances de mon côté en attribuant à une voix off le rôle principal, pourtant alors accepté par Hanna Schygulla (on la voyait seulement apparaître dans les derniers plans), tandis que le scénario ne mettait en scène qu'une multitude de rôles épisodiques. Gilles Sandoz, alors Agat Films, voulait produire L'Astre, mais je comprenais mal ses manières de producteur, et la réaction de la Commission de l'avance sur recettes eut raison de mon enthousiasme. Évènement paraît-il exceptionnel, face à mon scénario la Commission se déclara incompétente deux fois de suite ! J'avais donc la possibilité de le présenter une troisième fois, mais les notes de lecture de la seconde Commission m'achevèrent. J'avais souhaité faire un film "populaire" et l'on me comparait à Duras, Straub et Huillet. Quelle naïveté de ma part ! Je retournai à ma musique... Françoise dit que je devrais retenter de le mettre sur pieds, mais j'avoue être sceptique. J'avais d'abord rêvé de faire de ce roman de C.F. Ramuz un opéra, puis un hörspiel avant de me lancer dans ce projet de long-métrage. Nous avions retravaillé les dialogues avec Lors Jouin et produit un découpage alibi pour rassurer mon producteur alors que ma façon de tourner devait obéir à des lois beaucoup plus personnelles. Avec Bernard Vitet, nous avions écrit toute la musique pour qu'elle préexiste au tournage. Il n'y a pas de scénario qui exprime mieux ma vision du monde. En l'abandonnant, j'ai fermé les yeux.