LE voyage dans la lune. Y en a-t-il jamais eu d'autres depuis celui de Méliès tourné en 1902 ? Les diverses tentatives qui lui ont succédé n'ont jamais atteint leur cible comme cet obus qui nous a tapé dans l'œil, une fois de plus avec sa restauration par la Fondation Groupama Gan pour le Cinéma, la Fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma et Lobster Films. Depuis l'aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall, on aura marché sur la lune avec Edgar Poe, Jules Verne, H.G. Wells, Tintin, Fritz Lang, Terry Gillian, la NASA et tant d'autres, mais rien n'égale la poésie délirante du magicien Méliès qui a retrouvé ses couleurs peintes à la main pour un voyage extraordinaire, titre du passionnant making of d'une heure qui accompagne le DVD édité par Lobster et distribué par mk2. La musique du groupe Air redonne sa fraîcheur au court métrage, quinze minutes de pur ravissement, où le voyage n'est pas seulement spatial mais aussi temporel grâce aux inventions pop du duo composé de Jean-Benoît Dunckel et de Nicolas Godin, probablement leur plus belle réussite musicale. Sur le DVD (sortie le 23 avril pour la St Georges !), les accompagnements de la version noir et blanc proposés avec orchestre, piano ou bonimenteur montrent l'importance du choix musical dans un ciné-concert, et les témoignages de Costa-Gavras, Jean-Pierre Jeunet, Michel Gondry, Michel Hazanavicius inciteront de jeunes spectateurs à y mettre aussi le nez et les oreilles.


Il n'est pas une promenade au cimetière du Père Lachaise sans que j'aille saluer le créateur du spectacle cinématographique et, s'il ne s'agit pas d'un chef d'œuvre à la hauteur du modèle, le plaisant Hugo Cabret de Martin Scorsese tombe à pic pour raconter l'émouvante et terrible aventure qui fut celle de ce pionnier, désespéré au point de brûler tous ses films ou de les vendre pour les fondre en talons de chaussures pour dames. J'y suis allé de ma larme, mais je ne suis pas dupe : les histoires de reconnaissance tardive ou épisodique, les injustices filmées par exemple par King Vidor dans The Fountainhead (Le rebelle), rappellent les rêves d'enfance où l'on s'imagine grandir en acquérant les moyens d'y parvenir, et plutôt qu'atterrir, d'alunir enfin, pour commencer.

Intéressantes précisions en commentaire...