Une simple gifle assénée à un môme insupportable transforme la vie d'un cercle d'amis en pugilat. Si cette série télévisée se passait ailleurs qu'en Australie, par exemple en France, on n'en aurait probablement pas fait tout un plat. Encore qu'avec la manière dont les nouveaux parents calquent leurs habitudes sur le modèle américain, on peut se poser sérieusement la question. La gifle (The Slap) est une évocation très réussie d'une famille de la classe moyenne, immigrée récente et débordant déjà de racisme larvé. L'histoire se poursuit d'épisode en épisode, mais chacun est centré sur un des personnages. Et nous voilà incapables d'aller nous coucher avant d'avoir épuisé toute la série, soit huit fois 52 minutes qui nous entraînent jusqu'au milieu de la nuit !
Les dialogues subtils sont portés par d'excellents comédiens évoquant les angoisses de chaque génération, de l'adolescence à la vieillesse en passant par la quarantaine, qu'elle soit féminine ou masculine. Constatant que la névrose est familiale, on assiste aux dégâts provoqués par les traumatismes de l'enfance et les non-dits aboutissant souvent à des catastrophes. De mensonge en révélation, cette série australienne inspirée du roman éponyme de Christos Tsiolkas expose la vie aussi pitoyable qu'impitoyable d'une famille d'origine grecque en butte aux turpitudes de la sexualité que les réalisateurs ne se privent pas de filmer, même en son absence. La difficulté de s'intégrer à une famille, une communauté ou un pays fait penser aux films de Fatih Akin qui partagent la même finesse d'analyse et cette sensibilité méridionale à fleur de peau.


Arte entame la diffusion de La gifle le 5 septembre, mais si vous piétinez d'impatience dès le premier épisode, n'hésitez pas à acquérir le coffret de 3 DVD publié par les Éditions Montparnasse dès le 3 septembre (25€). Cette gifle est une bonne claque.