70 Cinéma & DVD - septembre 2018 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 20 septembre 2018

Alien Nation


Je n'ai jamais compris cette manie de traduire les titres de film en les transformant totalement, surtout pour se planter à ce point. Parce que, franchement, appeler Futur immédiat, Los Angeles 1991 le film américain Alien Nation qui se voulait l'égal d'Alien et Terminator en 1988, il faut avoir au moins subi une classe de marketing de haut niveau ! On sait pourtant que James Cameron réécrivit le scénario original de Rockne S. O'Bannon, néanmoins sans être crédité. Ce n'est pas sur le nom du réalisateur, Graham Baker, que se fit la publicité de ce thriller de science-fiction, mais sur les trois interprètes, James Caan, Mandy Patinkin et Terence Stamp. Si le duo de flics qui se chamaille est un classique à Hollywood, l'introduction des Nouveaux Arrivants descendus sur Terre en soucoupe volante en tant qu'esclaves préfigure District 9 et Bright... Le film ne laisse donc planer aucun doute sur l'allusion au racisme américain. Il y a 30 ans, s'exerçait au moins un semblant de velléité d'intégration, même si elle n'était pas partagée par tous les protagonistes, ressort dramatique habituel ! Sans la dévoiler, l'intrigue s'appuie sur une spécificité de ces extraterrestres et le recours à la drogue rappelle fondamentalement l'usage qu'en fit la CIA pour détruire la résistance afro-américaine. Voilà donc une excellente surprise que ce film d'action passé pour ma part inaperçu, ressorti aujourd'hui en Blu-ray et DVD avec un master restauré en haute-définition...

Futur immédiat, Los Angeles 1991, Blu-Ray ou DVD Carlotta, 20,06€, sortie le 26 septembre 2018

lundi 10 septembre 2018

Sharp Objects de Jean-Marc Vallée


Si Big Little Lies se déroulait chez les bobos de Monterey, la nouvelle mini-série de Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y., Dallas Buyers Club, Wild, Demolition) met en scène les provinciaux coincés du Missouri. On y retrouve une forte critique du machisme et de ses conséquences sur la gente féminine, mais c'est encore et surtout une plongée dans les méandres de la folie que génère la pathologie familiale, source de toutes les névroses. Dans ce thriller vertigineux l'héroïne est une jeune journaliste du St Louis Daily qui retourne dans sa ville natale pour enquêter sur le meurtre de jeunes adolescentes.


Des flashbacks ponctuent le récit comme des lames coupantes qui s'enfoncent dans la chair de Camille Preaker interprétée par Amy Adams, si secouée par ce rôle éprouvant qu'elle refuse une seconde saison. La durée de Sharp Objects, nouveau très-long-métrage en 8 épisodes, permet à Vallée de prendre son temps pour creuser le non-dit en suggérant plus qu'il n'expose explicitement. J'ai apprécié qu'il utilise intelligemment la musique en travaillant par exemple sur le timbre des espaces où elle est diffusée. Comme pour la précédente mini-série, si la chute est annoncée, c'est seulement dans le générique de fin qu'il enfonce une fois de plus le couteau dans la plaie par un ultime coup de théâtre.