Je pensais mettre en ligne L'air de rien, second album enregistré la semaine dernière, cette fois avec Élise Caron et Fidel Fourneyron, mais il faut tout de même que je laisse aux oreilles de mes auditeurs le temps de souffler (ou siffler, comme on voudra l'entendre). J'ai donc choisi ce petit bijou méconnu dont on appréciera tant le montage et la bande-son que son analyse, et qui me rappelle une conversation que j'avais eue avec Claude Cheysson, ancien ministre des Relations extérieures de François Mitterrand. Cet après-midi-là, tandis que que nous faisions quelques pas dans le parc, il m'expliqua que sa mauvaise appréhension de la résistance nicaraguayenne avait été l'erreur de sa vie politique. De mon côté j'essayai, hélas sans succès, de lui faire confirmer qu'il n'existait aucun autre terrorisme que le terrorisme d'État ! Quant à Fidel, j'étais déçu qu'il n'ait pas lu la passionnante biographie à deux voix d'Ignacio Ramonet avec Castro, mais c'est probablement à ses parents que j'aurais dû poser la question ! Fidel a d'autres talents...


HISTOIRE D'UN CINÉMA SOLIDAIRE DU PEUPLE
Article du 1er juin 2008

Histoire d'un cinéma solidaire du peuple est le titre de ce petit film de 5 minutes, ou comment, au Nicaragua, une équipe de "cinéma mobile" voyait le cinéma impérialiste ! La démonstration est éclatante, entre un Bruce Conner marxiste et un Buñuel première manière. Jonathan Buchsbaum, qui en a réalisé les sous-titres, nous fait découvrir ce petit film sandiniste de 1983 qui alimente son livre Cinema and the Sandinistas: Film in Revolutionary Nicaragua 1979-1990 (Texas Press).

P.S. de 2021 : à l'heure où le monde de la culture et du travail commence seulement à se réveiller après un an d'anesthésie générale, on appréciera le paradoxe de mon postulat de départ. Car souffler n'est pas jouer. Derrière les images et les sons distillés en fonction des besoins de gouvernance se cache l'idéologie, concept que le pouvoir voudrait nous faire croire dépassé. Hier, par inadvertance, j'ai allumé notre radio d'État. J'ai été sidéré par la manipulation et l'approximation de l'information déversée. Sommes-nous vaccinés par cet enfumage où la population devient cobaye d'un laboratoire à l'échelle de la planète ? En misant sur la peur et l'inconnu, la société du spectacle atteint des sommets de cynisme, préfigurant un monde refermé sur lui-même, barricadé derrière ses frontières reconstruites pour empêcher les inévitables migrations, plus inique que jamais. Rien d'abscons. Je pèse mes mots. Il suffit de décrypter ce que sous-(en)tendent les images et les sons...