Histoire de sortir un peu de la musique, je reproduis un article de 2008 en me disant que mes lecteurs/trices d'aujourd'hui ne sont pas forcément ceux/celles d'hier. À l'époque je publiais 7 jours sur 7. Depuis dix ans je m'abstiens le week-end. Cela me fait des vacances. Ainsi je sélectionne de temps en temps parmi les anciens en réactualisant les liens et les vidéos. Internet a considérablement changé, rarement en bien. Hier FB m'a retoqué un commentaire où je remerciais tous les participant/e/s à mes rencontres musicales en prétextant : "Votre commentaire va à l’encontre de nos Standards de la communauté en matière de spam. Personne d’autre ne peut voir votre commentaire. Nous avons mis en place ces standards pour empêcher des infractions telles que la publicité mensongère, les fraudes et les atteintes à la sécurité." C'est vraiment étrange. Ces remerciements seraient-ils mensongers ou suis-je un dangereux terroriste à promouvoir le plaisir de jouer ensemble ? Évidemment il y eut des périodes plus terribles dans notre Histoire. Pendant la Guerre d'Algérie, la censure faisait rage. Très peu de films l'abordent, ne serait-ce qu'en suggestions discrètes. Les parapluies de Cherbourg, Adieu Philippine, Muriel, Le petit soldat... Demy, Rozier, Resnais, Godard, de jeunes réalisateurs tous associés à la Nouvelle Vague. L'indépendance de l'Algérie a été proclamée le 5 juillet 1962, La bataille d'Alger tourné quatre ans plus tard.

Article du 19 juillet 2008

Sur Wikipédia la fiche de La bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo est suffisamment claire pour que je n'ajoute rien. Le double DVD publié par Studio Canal intègre les passionnants entretiens réalisés par Jonas Rosales avec le réalisateur, ainsi que Jean Martin qui joue le rôle du Colonel Mathieu, l'historien Benjamin Stora et, pour finir, Yacef Saadi, l'un des chefs historiques du FLN interprétant son propre rôle, producteur du film et auteur du livre qui l'a inspiré.


Si le film sur l'insurrection armée de 1957 et sa répression date de 1966, il ne sera réellement visible en France qu'en 2004. Comme chez Eisenstein, on a l'impression d'assister à un documentaire exceptionnel auquel le sublime noir et blanc donne une étonnante impression de vérité. Tourné à la fois avec de gros moyens, caméra à l'épaule, avec des acteurs non professionnels, cet épisode historique est réalisé sans aucun manichéisme, même si le propos est objectivement anti-colonialiste. Retour de bâton, les Américains s'en sont inspirés pour analyser les guérillas urbaines, en particulier pour comprendre leurs difficultés pendant la guerre en Irak. La musique de cette coproduction italo-algérienne, signée par Ennio Morricone (c'est sa période la plus prolifique) et Pontecorvo lui-même, dicte le rythme des scènes et joue d'effets dialectiques confondants. Acquisition vivement conseillée.