Participant au projet collectif Concert Hall d'une dizaine d'artistes, Frédéric Durieu m'avait invité au vernissage de l'exposition Nouvelles Vagues au Palais de Tokyo (jusqu'au 9 septembre). Dans une sorte de chapelle en bois biscornue se transformaient ses kaléidoscopes fleuris aux formes sans cesse changeantes tandis qu'un orchestre d'instruments automatisés disposés autour du public jouait une musique mécanique. De petits percuteurs frappaient peaux et claviers de bois, de bizarres buzzers vrombissaient des basses, les baguettes frappaient les fûts, un contrepoids actionnait le soufflet d'un accordéon, les électro-aimants de la guitare faisaient résonner ses accords...
Aucune œuvre ne capta sérieusement mon attention si ce n'est Battogogo où la nature a l'air de reprendre ses droits. Des poutres mortes du bâtiment poussent d'énormes branches comme si la sève était une braise jamais éteinte. Les nœuds se rejoignent construisant le rhizome d'un temple à jamais disparu. La forêt du Brésilien Henrique Oliveira échappe au dogme, constituant paraphrase critique de tant de jeunes artistes où l'empreinte des écoles est omniprésente. La responsabilité des maîtres est évidente. La cathédrale qui leur est érigée attire les fidèles, mais la foi semble si souvent superficielle.
Aucune vague vraiment nouvelle donc, mais l'ensemble forme une intéressante mer animée, sorte d'immense cabinet de curiosités où les arts plastiques se mêlent à la musique, à la vidéo, à la chorégraphie, à la performance ou au texte. Parcours ludique dans les entrailles du Palais, il ravira donc les plus curieux qui risquent de rester en bout de course sur leur faim. Les curateurs sont à l'honneur. L'affiche prétend "échapper aux règles académiques comme à celles du marché de l'art", fausse querelle des anciens et des modernes cachant mal la soif de pousser les premiers dans le ravin pour prendre leur place ! Trente-deux galeries parisiennes sont d'ailleurs associées à l'évènement et y participent dans leurs murs (mais pour ne pas les avoir encore visitées, je les exclue pour l'instant de ma critique). L'arrivisme est plus présent qu'un quelconque élan révolutionnaire. Pourtant, en ces périodes critiques qui respirent le danger, l'urgence et la révolte, le regard de ces jeunes artistes est tout de même bien sage.