Françoise me fait remarquer qu'il est étrange de reprocher à Bernard Madoff d'être le plus grand escroc du siècle sous prétexte que laissant espérer des profits juteux à ses pigeons il était incapable de rembourser tous ses "actionnaires" alors que tout le système bancaire fonctionne sur la même arnaque. Il avait l'habitude de rembourser cash ceux qui l'exigeaient, mais n'avait pas prévu que la crise génèrerait une demande telle qu'elle dévoilerait le pot aux roses. Si demain, nous nous pointions tous à notre succursale bancaire et que nous exigions de retirer tous nos avoirs, la banque serait bien incapable de faire face à la demande. La différence ressemble à l'écart qui divise les sectes et les religions établies : il n'y en a pas ! Ce n'est qu'une question de proportion, celle de l'escroc est bien moindre que celle de son modèle, l'ensemble du système bancaire. Tous pratiquent en réalité un exercice de haute voltige, de monte-en-l'air, qui ressemble bigrement à la Chaîne de Ponzi.
Ici et là j'entends que cela pourrait d'ailleurs consister en un acte révolutionnaire qui ferait s'écrouler le système capitaliste du jour au lendemain : si nous retirions tous nos avoirs en liquide, les banques, ne pouvant faire face, feraient illico banqueroute. La proposition peut sembler alléchante, mais elle favoriserait évidemment les plus rapides devenus les nouveaux maîtres du monde, à moins que le Capital ne se ressaisisse en inventant je ne sais quelle dévaluation. Des émeutes suivraient immanquablement la fermeture des guichets. Qu'adviendrait-il ensuite ? Reprise en mains par la violence ? Mais de quelle nature ? Je ne suis pas assez calé en économie ni en histoire pour y répondre, mais la question mérite d'être posée...
Car il n'est pas question de moraliser un système immoral. Toutes les affaires récentes révèlent brutalement que le système inique s'essouffle et laisse entrevoir les signes de sa chute. Rien de certain encore, mais scénario parfaitement envisageable.

Photogramme de It's A Wonderful Life de Frank Capra.