Depuis que j'ai photographié ces fleurs exotiques j'en vois de toutes les couleurs. À commencer par le bilan carbone. Quelle quantité de kérosène a-t-il fallu griller pour rapporter des Antilles cette rouge Heliconia imbricata, ces Heliconia stricta qui ressemblent à des oiseaux de paradis ou même le petit ananas ? Fuyant les nuances de gris de mes congénères dont la dominante reste le noir je me repais des oranges vifs, du jaune citron, du rose fuschia et du vert fluo comme l'oiseau-mouche aspire le nectar nécessaire à sa survie. Ceux qui me jettent la pierre ont souvent la banane aux lèvres quand le thé fume dans leur tasse. Ciel, nous sommes cernés ! Combien de temps reste-t-il avant que nous ne puissions plus jouir de ces merveilles lorsque la note, économique et écologique, sera devenue inabordable ? Le déluge qui me survivra accompagnera-t-il une chape de plomb au-dessus de vos têtes ou le soleil brûlera-t-il jusqu'à vos pupilles en traversant l'azur sans ozone ?