Nous étions près de 100 000. Il faisait beau. Françoise s'était fabriquée une petite pancarte : "On a une seule vie. Ici. Maintenant." C'était sans compter les années de lutte qu'on a derrière soi puisque l'on ne peut rien présumer de l'avenir. Mais on ne vit pas sur le passé. Ici, dans le contexte de la manifestation pour une Europe solidaire contre le Traité de l'austérité, la phrase revêt tout son sens. Déplacée, par exemple dans un paradis fiscal, elle aurait pu renvoyer au cynisme des quelques riches qui dirigent la planète. Ici, c'est la partager avec 98% de la population dont une grande partie est encore suffisamment endoctrinée par les grands médias pour voter contre ses intérêts. Maintenant, ce n'est pas tergiverser en repoussant les urgences au calendes grecques. Les états continuent de s'endetter en empruntant à des taux d'usure aux banques privées qui, elles, ne versent que 1% à la Banque Centrale. Les pauvres seront plus pauvres. Les riches plus riches. La crise plus critique. Et la calotte glaciaire continue de fondre, plus vite que nos économies.