Qu'il est doux d'écrire quelques lignes qui ne prêtent pas à polémique ! Si les commentaires sont fermés sur drame.org pour cause de spams invasifs, ils restent ouverts sur mon mur FaceBook et aux abonnés de Mediapart. Il aura suffi que je me méfie de l'union sacrée sous la bannière "Je suis Charlie", que je m'interroge sur la névrose à l'échelle d'un pays, en l'occurrence l'Allemagne, ou imagine frapper au porte-feuilles le maître de l'Europe en en suggérant le boycott, pour que je crois devoir me justifier de n'être ni complotiste, ni xénophobe, essuyant un nombre effarant d'adjectifs insultants. L'empilement des commentaires n'arrange rien lorsque l'on ne sait plus très bien s'ils s'adressent aux précédents ou à l'article initial. D'un autre côté un clou chasse l'autre, les polémiques s'estompent en disparaissant de la une. Il m'a pourtant semblé indispensable de dissiper les quiproquos, car si j'assume ce que j'écris, quitte à parfois revenir sur mes positions à la lumière des échanges courtois, il est injuste de me prêter des intentions qui ne m'ont pas effleuré. Je passe ainsi un temps considérable à m'expliquer, demandant à mes détracteurs d'avoir l'honnêteté de me relire, au lieu de vaquer à des travaux plus créatifs. Certes, c'est le lot de tous les blogueurs comme de toutes les personnes publiques quel que soit leur métier ou leur fonction et cela explique que pendant très longtemps j'ai préféré laisser à d'autres le soin de répondre aux insultes et méprises dont mes écrits peuvent faire l'objet. J'en profite pour les remercier ici. Mon silence fut souvent interprété pour du mépris alors qu'il ne s'agissait souvent que d'une question de disponibilité, donc de choix dans les urgences, et plus certainement le désir de ne pas jeter de l'huile sur le feu. Or certains phénomènes de société nécessitent parfois que l'on y accorde plus de temps pour préciser sa pensée et dissiper les quiproquos, voire un engagement militant sans répit.
De même que je me suis toujours méfié des individus qui me rappelaient aimablement mes origines sans qu'ils ne les partagent, je suspecte par exemple ceux qui m'accusent de xénophobie d'être inconsciemment préoccupés par ce vieux démon alors que cette pensée m'est totalement étrangère au point de ne pas imaginer une seule seconde que l'on puisse m'en affubler. J'applique bêtement le principe lacanien que l'inconscient ignore les contraires. Ainsi le seul fait de suggérer que ma critique de la politique allemande puisse exprimer quelque xénophobie me fait douter de mes accusateurs, ne pouvant m'empêcher de penser que si le terme leur est venu à l'esprit, c'est qu'il y était fortement implanté. Ce n'est pas un simple "celui qui dit c'est celui qui y est", mais une ampoule rouge qui s'allume lorsque telle intention est bizarrement évoquée. Un exemple, car j'imagine que ma démonstration peut paraître tirée par les cheveux pour certains : lorsqu'un quidam avec qui je suis en affaire me dit qu'il ne va pas m'arnaquer, je m'en méfie comme de la peste, car cette notion m'était totalement étrangère ; j'entends que le mot important de la phrase est "arnaque" et non la négation qui l'encadre. C'est pourquoi certaines accusations dont je fus récemment l'objet se retournent automatiquement contre ceux qui les ont proférées.
Comme ces personnes ne connaissent pas forcément mon histoire, je me crois donc obligé de me justifier en rappelant mes liens avec l'Allemagne par exemple, mon engagement comme Citoyen du Monde depuis ma tendre enfance, ou le sens de ma critique qui ne confond pas la politique d'un gouvernement (ou du système qui le tient sous sa coupe) avec les citoyens qui l'ont élu ou pas. Il n'empêche qu'au cas par cas il existe dans chaque pays ou chaque situation des individus qui la cautionnent et d'autres qui s'en démarquent. Partout et de tous temps sévissent des criminels, intimidant des collabos qui préfèrent penser qu'il n'y a pas d'alternative, tandis que se lèvent des résistants qui ne peuvent faire autrement que de défendre leurs idéaux, parfois au péril de leur vie. Dans les pays dont la ligne politique est la plus inique et cynique la résistance intérieure s'organise, même si les médias l'étouffent sous un amas d'informations insipides et mensongères. Le rôle de chacun est de soutenir les initiatives de ceux et celles qui n'ont pas remiser la lutte des classes au profit d'une logique stratégique qui a fait long feu. Toute autre démarche consistant à laisser nos idées de côté ne peut être comprise et risque d'entraîner les moins formés politiquement vers des démons populistes et démagogiques brisant une solidarité essentielle à tous les exploités. L'Histoire a montré que les promesses à première vue séduisantes de l'extrême-droite ont toujours été mortifères. De même la mollesse de notre engagement au profit d'un petit arrangement avec le Capital nous entraîne irrémédiablement vers un déclin que les écologistes assimilent avec raison à la sixième extinction. Je fais évidemment là des raccourcis que d'autres billets se chargeront d'éclaircir par la suite... Idem pour mon billet doux qui ne sera donc pas pour aujourd'hui !