70 Multimedia - septembre 2006 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 28 septembre 2006

Un théâtre de lapins à New York


Nabaz'mob est présenté à New York par Atari dans une nouvelle scénographie, un hémicycle qui rappelle certains hauts lieux de la démocratie. Notre meute essaye donc désespérément de s'entendre pour jouer tous ensemble, mais elle se confronte aux difficultés que cette tentative engendre. Dans l'atmosphère survoltée du Wired NextFest, nous avons été obligés de sonoriser les 100 Nabaztag de Violet installés sur des gradins : une vingtaine de micros PZM reprennent le son diffusé par quatre haut-parleurs. En nous approchant, on entend bien que le son sort de leurs petits ventres blancs où cinq points de couleur changeantes figurent leurs entrailles. Quatre néons rouge sang rajoutent un léger contre-champ. Devrais-je écrire un contre-chant tant l'unanimité fait rage ? Nos bestioles, toujours aussi indisciplinées, sont vaccinées et nous pouvons enfin jouir du spectacle dans le cylindre noir qui leur sert de clapier.


Le NextFest est un événement grand public. Après l'inauguartion d'hier soir, 20000 écoliers sont attendus aujourd'hui, suivront trois jours ouverts au public. Le Rabbit Theater a beaucoup de succès, malgré le manque d'explications sur la finalité des lapins communicants (objet wi-fi connecté à Internet, délivrant toute une variété de services... et l'opéra lui-même, une œuvre s'en démarquant avec l'assentiment de ses concepteurs dont Antoine et moi faisons également partie !). Je réponds aux équipes de France 2 (Le Journal) et Discovery, en attendant la matinée de vendredi où la Fox viendra faire son émission en direct.


Nous nous faisons tirer le portrait en infra-rouge (patience !) et arpentons ce "Salon du Futur" sans grande surprise. Beaucoup de robots évidemment puisque c'est l'Année des robots, mais ils répondent tous à des fantasmes mâles éculés. Kokoro est une superbe Stepford wive japonaise : seuls une certaine fébrilité et ses yeux la trahissent ; ils ont beau suivre ses interlocuteurs, ils restent rivés sur la ligne bleue des Vosges. Pas mal de trucs sympas, mais trop peu d'arrière-pensées et aucune nouveauté technologique... Les applications industrielles, assez abouties, occupent la majeure partie de l'espace, au détriment des artistes et chercheurs. Retrouvant les émotions du Salon de l'enfance, nous passons tout de même un bon moment.

lundi 18 septembre 2006

On ne choisit pas ses parents



Les Histoire(s) du cinéma passent en boucle sur le petit écran installé près de la chaîne hi-fi. C'est plus simple que d'installer la salle de projection, et très agréable pour diffuser les clips et les films musicaux dans le salon, comme un Scopitone new look. Avant-hier soir, nous nous sommes aperçus que nos bruits domestiques se fondaient dans la partition de Jean-Luc Godard. Fourchettes, sonnerie de téléphone, chants d'oiseaux... Notre présent venait s'inscrire en douce dans les réminiscences du passé. Comme si ce n'était déjà plus maintenant, mais avant. Avant que le cinéma ne soit absorbé par tous les bruits du monde, avant la télévision déversant son fleuve d'inepties et de lieux communs. Mais ici chaque instant partagé avec le film, auquel on ne prête plus attention, devient magique dès que l'on se laisse attrapé, par une phrase, un son, une image, fixe ou mobile... Nous sommes happés par l'intelligence du film, sa poésie d'écorché vif, sa musique...
À peu près à la même époque où JLG terminait son Histoire(s), nous composions, avec Antoine Schmitt, le scratch interactif Machiavel (photogrammes ci-dessus), 111 boucles vidéo à zapper avec la souris. Nous voulions montrer ce qu'il y a de plus beau et de plus terrible sur la planète. Profusion d'images et de sons, tant de sens possibles, toutes les interprétations que l'objet comportemental programmé par Antoine suscite. La partie CD-Rom revendiquait l'héritage d'Antonioni pour Blow Up et celle de Ferdinand Khittl pour La route parallèle, mais nous aurions pu nous apercevoir que nous n'étions que les enfants de Godard. Sauf qu'il n'y a rien de pire que les Godardiens. Comme Berio en musique, il est difficile de passer derrière Godard, puisqu'il rassemble toute la mémoire du monde, toutes les interrogations, les digérant et les recrachant à la figure de l'humanité.
Plus on écoute les boucles de Machiavel, plus on les regarde, plus les détails font surface jusqu'à prendre toute la place. La répétition agit comme les agrandissements du photographe de Blow Up. Zoom psycho-cinématographique. Comme leurs durées ne sont pas tout à fait semblables, les boucles image et son se désynchronisent l'une par rapport à l'autre au fur et à mesure. Glissement des effets de sens. Panoramique du décalage. Le montage réalisé par chaque spectateur avec sa souris produit de nouveaux effets qui le renvoie à sa propre histoire, à son inconscient. Machiavel réagit et prend parfois la main en fonction des gestes de celui ou celle qui se prête au jeu. L'effet "clébard". Il vient vous titiller, même et surtout si on le néglige. Dans le film de Khittl, les participants ont trois jours pour saisir ce que signifient les courts métrages que leur projette un meneur de jeu. Faute de comprendre, ils y passeront !
Machiavel était une lecture poétique du Monde Diplomatique. La théorie du complot est inspirante, parce qu'elle se vérifie chaque fois qu'on libère le secret défense. La démocratie est un leurre. Rien n'a changé fondamentalement. Sans respect pour l'environnement, quelques riches exploitent la masse des pauvres, vol à main armée, du court terme qui sombre progressivement dans le néant. Les pays riches affament le tiers monde par leurs pratiques égoïstes, les crimes contre l'humanité précèdent le suicide programmé. Heureusement, il y a les catastrophes naturelles, les cycles de l'histoire, les ratés, la famine, qui permettent d'envisager d'autres scénarios que ceux écrits par les propriétaires. Entendez, ceux qui se sont appropriés les richesses.
Enfants, rejetez l'héritage en connaissance de cause, ce monde n'est pas le vôtre. Imaginez le suivant ! Chaque génération a son histoire et dessine une nouvelle strate.

jeudi 7 septembre 2006

Netvibes, une page d'infos à soi


Grâce à Antoine qui me l'a indiqué, j'ai organisé ma page Netvibes ce matin. Netvibes rassemble sur une seule page tous les sites et blogs que vous avez l'habitude de visiter et, surtout, leurs mises à jour. Il vous permet d'être informé de tout nouveau billet publié. En faisant votre propre mise en page vous embrassez en un clin d'œil tous les titres des billets récemment ajoutés. Génial ! Une start-up française dont on reparlera... Connectez-vous, déplacez les cadres en tenant la touche Alt appuyée, ajoutez des flux RSS, des sites d'infos, vos mails, la météo, un coup d'œil sur eBay, etc., c'est tout simple. Aussi indispensable aux accros du Web que de relever ses mails chaque fois que l'on passe à proximité de son écran. Pour s'en dégager, une seule solution, fuyez les poches vides (sans portable d'aucune sorte, s'entend), mais les yeux et les oreilles grand ouverts !