70 Multimedia - novembre 2006 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 25 novembre 2006

Dans la famille Morières, la fille !


Juste avant de partir en tournée avec le groupe Illegal Process dans lequel son frère Antoine joue de la batterie, Mathilde Morières signale la mise en ligne de son site, Tilde.M, qui réunit un blog intitulé La pépinière de mes sentiments et toute une série de haïkus vidéos, petites miniatures sensibles où elle se livre à des expérimentations cinématographiques que l'on découvre grâce à un petit papillon qui vole de feuille en feuille.
La voilà donc partie filmer le groupe de hard montpelliérain de Venise à Paris en passant par Ljubljana, Salzburg, Prague, Berlin, Liège, Bruxelles et Londres, avant de s'envoler pour le canal de Panama pour un film de Pierre Henry Salfati avec qui elle a déjà collaboré, entre autres, au Yemen.
Illegal Process a décroché cette tournée miraculeuse grâce à MySpace, nouvelle success story comme celle de l'un de mes voisins, le slameur Souleymane Diamanka, qui vient de signer chez Barclay.
Mathilde, qui laisse de temps en temps des petits commentaires sur le mien blog et vient d'entamer le sien, est la fille aînée de mes amis, la chanteuse Pascale Labbé et le souffleur Jean Morières, du label Nûba. J'avais écrit un article dans Jazz magazine sur Les lèvres nues, travail fantastique de Pascale et disque hors normes, c'est le cas de le dire puisque il est le fruit de la collaboration d'improvisateurs et de handicapés. Comme si l'un pouvait exister sans l'autre ! En duo avec Jean qui joue de la flûte zavrila, un instrument de sa fabrication, ils ont récemment enregistré Un bon snob nu, double CD palyndromique pour Signatures, le label de Radio-France. Pascale chantait déjà dans notre installation Les Portes après avoir participé à Somnambules, Sarajevo Suite et Fin et maints enregistrements comme la musique que je composai pour l'antichambre des Robots au Futuroscope.
Une drôle de famille comme on en voit peu, où l'esprit et la générosité se conjuguent avec les parfums de la garrigue.

jeudi 16 novembre 2006

Nabaztag/tag entend par le nombril


Ce matin, Mathilde m’envoie la couverture d’un livre sur le design avec Nabaztag en couverture !
Et voilà que Nabaztag/tag sort ces jours-ci avec un micro à la place du nombril, un jack pour sortir le son sur des enceintes externes et la possibilité de jouer les sons audio en streaming, sans restriction de durée. C’est le nouveau lapin dont je fais le design sonore pour Violet comme je me suis déjà occupé de son grand frère. La nouvelle bestiole (en précommande) entendant par le nombril, on peut lui donner des instructions par commande vocale, envoyer directement des messages à ses congénères et il peut même reconnaître s’il y a du monde autour de lui. Il reconnaît même les étiquettes électroniques (RFID) qu’on aura collées sur son livre de chevet, ses clefs ou son portefeuille… On peut aussi écouter des podcasts ou des Webradios MP3. Des tas de services se développent sans cesse, Violet va si vite que certaines fonctions semblent échapper à mon traitement zélé… J’enregistre dans l'allégresse des centaines de nouveaux messages avec Maÿlis et Alexandre, les voix du lapin en français et en anglais.
J'espère que les nouvelles possibilités du lapin/pin vont nous permettre, avec Antoine, de sonoriser plus facilement notre clapier lorsque la centaine d’entre eux pourra se brancher grâce à leur petit jack en guise de queue pour interpréter notre opéra, Nabaz’mob !? Vivement de nouvelles représentations, j'ai toujours eu une âme de globe-trotter...

vendredi 3 novembre 2006

L'outil ne fait pas l'œuvre


Lundi, dr0p publiait un petit article agrémenté de trois vidéos sur une équipe barcelonaise de luthiers numériques, dirigée par le professeur Sergi Jordà, présentant la Reactable, un instrument de musique électro-acoustique équipé d'une interface tangible qui ressemble à une table translucide sur laquelle on pose des objets. Plusieurs interprètes peuvent jouer simultanément de l'instrument en disposant et bougeant différents objets qui contrôlent un synthétiseur modulaire. La forme des objets varie selon qu'ils représentent un oscillateur, un modulateur, un échantillonneur, un filtre, un séquenceur, etc. Aucun apprentissage n'est nécessaire, l'instrument est empirique et parle de lui-même. Une caméra vidéo cachée sous la table analyse la nature, la position et l'orientation des objets. Un vidéo-projecteur dessine des animations sur la table écran de façon à rendre compréhensible toute interaction et résultat sonore. Dans la page Related, Martin Kaltenbrunner répertorie près d'une cinquantaine d'autres instruments aussi épatants que la Reactable et qui méritent la visite.
Comme d'habitude avec toute nouvelle lutherie, il y a un écueil entre l'invention et son exploitation. Les luthiers sont hélas souvent tentés de conserver l'apanage de la démonstration, étouffant leur bébé sous trop d'attention. Il est capital de confier ces instruments à des compositeurs sachant en tirer des résultats inédits et imprévisibles, fondamentalement variés. Car, s'il est réussi, ce n'est pas l'outil qui fait la musique, mais les auteurs qui se l'approprient pour poursuivre leur œuvre. Toute la différence est là. Complémentaires. Les instruments qui résistent au temps sont ceux qui permettent la déviation et l'appropriation. Mais si chacun peut avoir aujourd'hui l'illusion de devenir artiste, il existe un fossé entre s'amuser sans arrière-pensée et avoir conscience que toute œuvre est une morale.

Photo © Bram de Jong