70 Multimedia - juin 2007 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 21 juin 2007

Les caramels


C'est la seule sculpture que j'ai gardée. Ma mère n'avait rien le droit de jeter sans mon accord. Je fabriquais des "machines qui ne servent à rien". Cinq déménagements ont englouti les autres spécimen. La seule à y survivre y a laissé quelques plumes. Par exemple, il y avait trois boules de machine IBM au lieu de deux. Les caramels semble dater du 11 septembre 1966, mais l'encre vermillon sur le bois rouge n'est plus très lisible. Je crois me souvenir qu'il y avait une idée d'échelle sociale sous-jacente. Matériel : des boules de cotillon et un serpentin, trois têtes de distributeurs de bonbons Pez (Pluto, Donald et Popeye), des échantillons de matière plastique rapportées des années plus tôt du Salon de l'Enfance Porte de Versailles, un bouton de vareuse de la guerre de 14 que je tenais de mon grand-père, des ressorts, un potentiomètre, des transistors, un jouet fondu, une bobine électrique, un porte-clefs, un cochon, des rails, un fil de téléphone, des petits bouts de bois et de daim, de la bande magnétique, des pions, un jeton de la Compagnie Le Taxiphone, une petite échelle rouge. Plus le moule, un peu de poussière et l'ombre.

dimanche 17 juin 2007

Zou fait la planche


Sur la page d'accueil de son site prolixe et généreux, le dessinateur satirique Zou a mis en couleurs la petite bande dessinée publiée en page 3 du Journal des Allumés. Les paroles de Sarky, le P'tit roquet de Neuilly devenu le Titi toutou du neuf-deux depuis qu'il a été promu président, y sont illustrées au pied de la lettre. Il semble que Zou change de temps en temps cette page, lorsque ça lui chante. Le site présente une quantité de planches originales, superbement reproduites, classées par genres : L'amour, La communication, Mon Pays, L'Afrique, Sampa, zouKomix, des liens sympas, etc. Tout ou partie peut être reproduit et diffusé librement (copyleft ou copywrong ?). J'ai eu du mal à débusquer Zou dont les homonymes pullulent sur le Net. C'eut été dommage de le rater. Son site est marrant et critique, son trait précis et nonchalant, sa gouaille fondamentalement sympathique. Déjà sur MySpace, Zou livre aussi la suite du pavé Tous coupables !

mardi 12 juin 2007

Persepolis, roman en vignettes et phylactères


La parution dans Libération de Persepolis, la bande dessinée de Marjane Satrapi, ne m'avait pas du tout accroché. Peut-être était-ce sa place dans le journal, la qualité du papier ou les à-coups du feuilleton, mais je n'avais rien pressenti de sa qualité tant scénaristique que graphique. Tandis que je fais mon marché au Monte-en-l'air, rue des Pannoyaux, l'un des fournisseurs du magasin de BD me raconte qu'il l'a relue d'une traite la veille et que l'œuvre en a pris toute sa dimension. Je me laisse convaincre, mais je commence par un Blutch, un Clowes et un Sfar (voilà 15 ans que je suis largué rayon BD), avant d'attaquer le pavé de Satrapi. Et bien, je l'ai dévoré sans pouvoir le lâcher tant l'épopée iranienne est passionnante, à l'image du Maus d'Art Spiegelman. De plus, l'à-plat noir et blanc est parfaitement adapté à son sujet. Marjane, apprenant à dessiner des nus contrôlés par les barbus au pouvoir, a d'abord été réduite à se faire la main sur les drapés du voile. Elle en a acquis sa maîtrise, une économie de moyens pour un maximum d'informations et d'émotion. Le roman en images est depuis devenu un film d'animation réalisé en collaboration avec Vincent Parronnaud, Prix du Jury à Cannes (sortie en salles le 27 juin). L'excellent éditeur L'association publie les 4 tomes parus séparément entre 2000 et 2003 en un seul volume, décuplant sa puissance évocatrice. L'histoire se déroule entre 1980 et 1994 à Téhéran, avec une incartade autrichienne tout aussi édifiante que le compte-rendu de la "révolution" islamique. À travers sa propre histoire et son épopée familiale, la petite fille traverse le régime des mollahs, la guerre Iran-Irak, celle du Koweit, etc. Elle en ressortira grandie, adulte, pour une "success story" qui n'a rien de lénifiant. Comme Maus, Persepolis est une bande dessinée qui peut plaire à des lecteurs peu friands de bandes dessinées, mais qui aiment les histoires vécues, les romans épiques et les témoignages incontournables. Pour les autres, il y aussi le style, le trait, un monde en soi.

jeudi 7 juin 2007

Le come-back d'Annick Rivoire


Depuis son départ de Libération où elle était devenue responsable du service culturel nouveaux médias, Annick Rivoire évoquait souvent son désir de lancer une nouvelle revue, mais, avant cela, de se faire les dents sur le Net. C'est chose faite avec le lancement du blog Poptronics auquel participent également Elisabeth Lebovici (responsable du Pop'lab), le graphiste Toffe (que j'ai connu grâce au label de disques in situ qui produisit notre Jeune fille qui tombe... tombe), David Guez (conseiller ès code), l'artiste Pierre Giner et quelques autres dont Benoît Hické qui me communique cette nouvelle adresse fort recommandable. Le blog est structuré en Pop'agenda (les articles), Pop'fil (événements à voir), Pop'lab (Guez en est le premier invité), Pop'in (forum en construction), Pop'qui (les bios de cette nouvelle communauté)... Le graphisme, issu du croisement de l'informatique et du papier, est un hommage aux sources de la part d'une technologie récente, mais le style lo-fi est fatiguant à lire. Heureusement, Annick Rivoire est curieuse, rigoureuse, opiniâtre. Je mets de ce pas un lien RSS sur ma page Netvibes.