70 Multimedia - décembre 2007 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 29 décembre 2007

Des liens dont je me défais (provisoirement)


Avant de partir un mois, je mets à jour mon site, ma bio, mes liens, etc., pour montrer que tout continue normalement, surtout que je ne compte rien poster depuis la jungle. Je n'emporte aucun autre ordinateur que mon iPhone que je n'allumerai que très occasionnellement. J'ai tout de même pris un appareil-photo, un carnet et un stylo. Dans cette partie de l'Asie, prendre une photo fige souvent la scène qui se joue. La vie s'échappe à l'instant même où l'on sort l'objectif. Pour cette raison, j'ai très peu d'images du Népal. Il faut choisir.
En cas d'urgence, recevoir un sms ne me coûte rien, en envoyer un 0,28 euro. Pour un coup de fil, c'est 2,90 euros la minute (1,40 € en réception). La connexion Internet en wifi revient à 0,25 la minute si je passe par un HotSpot Orange, mais elle est gratuite en cas de borne wifi perso (à condition d'avoir le mot de passe, of course). Le tour est joué avec Skype et la petite application qui permet de s'en servir sur l'iPhone : ainsi, avec 10 euros de SkypeOut, je peux téléphoner 9 heures. Le carnet d'adresses de l'iPhone me permettra d'envoyer des cartes postales et de stocker quelques documents indispensables. Mais j'espère sincèrement oublier tout cela.

Petit tour des blogs conseillés dans la colonne de droite. J'en lis quelques autres, mais pas avec la même régularité.

Celui des Allumés n'est pas très actif. Je suis à peu près le seul à mettre des informations en ligne. Les 45 labels adhérents n'ont pas compris l'importance de son usage pour une association. C'est dommage. Il permettrait de mettre en valeur les sorties d'albums, les concerts, d'échanger des points de vue sur des sujets qui nous touchent, d'autant que le secteur du disque est en crise. J'y ai reproduit les grands entretiens que nous avons menés avec des musiciens de jazz qui ont infléchi Le Cours du Temps dans la seconde moitié du XXème siècle.
Celui d'Étienne Mineur reste mon préféré parce que j'en apprends tous les jours. C'est le blog de référence sur le graphisme. Ce fut aussi mon modèle de départ. J'apprécie l'insatiable curiosité d'Étienne, le sérieux de sa démarche et sa fantaisie.
Grâce à lui, j'ai découvert le blog de Cati Vaucelle (c'est la seule que je n'ai pas rencontrée) qui relate tout ce qui touche aux nouvelles technologies et leurs applications dans le monde du design. Passionnant saut dans le futur qui doit beaucoup à son professeur au M.I.T., John Maeda qui tient également son propre blog recelant forcément quelques pépites. Ainsi je suis allé voir récemment à quoi ressemblaient l'ordinateur "à 100$", le XO conçu pour les enfants des pays défavorisés (je devrais écrire "colonisés"), et le nouveau robot, le dinosaure Pleo. John tente de rester simple, même lorsqu'il aborde des sujets complexes.
Le blog de Karine Lebrun ressemble plus à ma démarche, spécialiste ne voulant pas se laisser enfermer dans son art et jouant sur les effets du généralisme. Celui de Jean Rochard est plus virulent, caustique, provocateur, même s'il est marqué par les musiques qu'il produit ou qu'il aime. Ses billets sollicitent souvent mes commentaires. Tous ces blogs sont des mines, des lieux de découverte, comme le très professionnel Poptronics dirigé par Annick Rivoire et orienté vers les cultures électroniques. Beaucoup de musique, d'art et d'images, et, dans les jours qui viennent, y sera mis en ligne mon Pop'Lab, une commande à laquelle j'ai répondu en abordant la question de l'étincelle créatrice. Mais je ne serai plus là.

mercredi 26 décembre 2007

Les interfaces sensibles emballent les filles et les quadras


La console de Nintendo ne diffuse pas des images d'une définition exceptionnelle. Elle ne propose pas de jeux révolutionnaires. Mais elle marque une date capitale dans l'histoire des nouvelles technologies.
Avec l'interface tactile de l'iPhone, l'interactivité sensitive fait un pas de géant. La console de jeux japonaise et l'ordinateur de poche d'Apple (qui fait accessoirement téléphone) montrent les futures modes d'approche des objets communicants. Au-delà des services proposés et d'une navigation rusée propre au monde fermé de la firme, l'iPhone développe une surface sensible où les doigts caressent l'écran lisse et sensuel, donnant irrémédiablement envie de s'en servir. Tout est intuitif et intelligemment pensé pour une utilisation simple et logique. J'ai ressenti cette impression lorsque j'ai acquis mon premier ordinateur portable, le PowerBook 170 Macintosh, et mon vélo Brompton ! Il est probable que nombreux constructeurs vont s'en inspirer, puisque le PC copie régulièrement le Mac, avec toujours un peu de délai (et une maladresse constitutionnelle). Les futurs ordinateurs remplaceront probablement la souris par des écrans tactiles permettant à tous les doigts d'agir sur les éléments affichés. On y gagnera en sensibilité, en maniabilité, en jouabilité devrais-je écrire en référence à une qualité essentielle des jeux vidéo.
Justement, la manette wifi de la Wii emballe un public jusqu'ici rétif aux jeux informatiques. Or ce public est largement majoritaire, puisque la moitié de la planète, les femmes, marché fortement négligé par les constructeurs de jeu, pourraient s'en enticher. Sans parler des seniors qui n'ont pas forcément perdu le goût du jeu. Bémol : toute proportion gardée, vu le prix de ces engins qui ne concernent, comme d'habitude, que la partie émergée de la population, pouvant débourser 250 euros pour une Wii, à laquelle ajouter 60 euros pour un second jeu de commandes (télécommande wifi dans une main, nunchuk relié dans l'autre), plus des jeux qui vont de 20 à 90 euros ! La manette vibre, produit des sons et réagit au moindre mouvement du joueur. C'est extrêmement physique et ludique. Les jeux ne vous embarquent pas tous pour une partie de plusieurs heures, mais permettent de s'amuser quelques minutes si cela vous chante. Justement, au-delà de l'excitante interface sans fil qui épouse le moindre mouvement des mains ou du corps, parlons des jeux...
Pour commencer, signalons que cela reste tout de même affreux graphiquement, et que la musique est tout bonnement insupportable. N'y a-t-il pas une façon de la couper en ne conservant que les bruitages ? Du côté plastique et sonore, tout reste à faire. On verra arriver des interfaces originales comme des tapis de danse (la Wii Fit pour raffermir ses fessiers est annoncée pour bientôt ; alors à quand des sextoys pour la Wii ?!). Pour des gamers mâles confirmés, la Wii a donc des avantages (l'interface) et des inconvénients (le graphisme élémentaire, par exemple). Pour les filles et les adultes confirmés (!), elle est vraiment la console attendue tant par les joueurs que par l'industrie florissante du jeu.
Nous restons pourtant très dubitatifs face au catalogue disponible. La plupart des jeux sont aussi enfantins et débiles que d'habitude, à une exception près, et de taille, les simulations sportives. C'est franchement avec les jeux livrés avec la Wii que l'on rigole et s'éclate le mieux ! Le tennis ou la boxe vous feront perdre quelques kilos... C'est dans cette direction qu'il faut espérer que l'invention prenne le dessus. Les jeux physiques sont parfaitement adaptés à la console Nintendo, et il y a une dizaine de manières de tenir la télécommande dans sa main et de l'utiliser. La connexion wifi à Internet laisse également imaginer de nouveaux développements.
Bust A Move est un jeu de briques amélioré, mais tirer, même sur des objets, en rebute toujours plus d'un et plus d'une. Mario Galaxy est très chouette dans ses effets de perspective 3D, mais le principe de progression par niveaux recale les novices qui le resteront. Si cela ne vous énerve pas trop, alors c'est un jeu vraiment très réussi. Wii Play a des petits jeux sympas, mais c'est court ; plus copieux, Wario Smooth Moves est-il distribué en France ? Et qu'en est-il des simulations de danse, un marché tout trouvé pour la gente féminine habituée à dansée entre elles pendant que les garçons font tapisserie. Si vous êtes récalcitrants aux consoles de jeu, testez tout de même la Wii ; dans un premier temps contentez-vous de Wii Sport livré avec et attendez que sortent d'autres jeux, plus physiques et véritablement adaptés à l'interface révolutionnaire.
Ce matin, j'ai une crampe tendineuse dans chaque bras à force d'avoir appuyé comme un malade sur les boutons des deux manettes de Mario Galaxy. Celle de gauche me servait à diriger le personnage, celle de droite à sauter, viser, etc. Je n'ai plus qu'à me masser avec le baume magique de Ketum. Le tube n'est pas hélas pas fourni avec le jeu !

jeudi 20 décembre 2007

Les élucubrations de Chris Ware


Magnifique bande dessinée de Chris Ware, l'auteur de Jimmy Corrigan. Pour 20 euros, avec ACME au moins il y a de quoi lire. Parfois certes avec une loupe ! Lucie dit que la version originale en américain est plus juste, même si l'adaptation française est très réussie. Ware s'inspire des vieux comics que je lisais dans le métro en allant chez le dentiste faire régler mon appareil une fois par semaine. Il y avait des pubs pour les lunettes infra-rouges et des feuilletons bizarres qui faisaient carburer mon imagination.


Mes étudiants des Arts Décos m'avaient recommandé Jimmy Corrigan lorsque j'étais allé enseigner à Strasbourg. Je préfère le verbe "transmettre" à "enseigner" parce que je ne suis pas professeur. Les artistes qui gardent jalousement leur savoir l'emporteront probablement avec eux dans la tombe, c'est leur choix. La thésaurisation des connaissances est aussi mesquine que celle de l'argent. Il faut que cela circule.

Les livres publiés par Chris Ware sont des compilations de planches publiées séparément, par exemple dans le Chicago Reader (où officie l'ami Jonathan Rosenbaum !). Ils rappellent les œuvres de Windsor McKay, l'auteur de Little Nemo par la taille et la forme, mais son style géométrique est plus moderne, varié et inventif. S'il se réclame aussi des boîtes de Joseph Cornell, humour noir, nostalgie, tristesse, absurde, on retrouve tous les éléments des magazines de notre enfance, avec leurs pages à découper, les petits formats, les pubs, etc. Sauf que Ware assume seul le rôle de tous les dessinateurs d'un journal. L'aspect autobiographique de ce quatrième livre me renvoie à une précédente lecture, Mes problèmes avec les femmes, dernière livraison de Robert Crumb, dont l'authenticité renversante est transcendée par un sens critique exceptionnel. Depuis Maus d'Art Spiegelman, aucune bande dessinée ne m'avait autant intrigué et remué. En plus, c'est beau.

mardi 18 décembre 2007

Profession designer sonore


Après un rendez-vous dans le monde de la publicité avec un directeur artistique (on dit D.A.) astucieux qui m'a fait une démo excitante de "pub virale", j'ai enchaîné avec ma conférence rock 'n roll aux Arts et Métiers pour Paris 8.
Entre temps, j'avais avalé des calamars, des fèves, du riz et un lait de soja chez Shen, 39 rue au Maire, pour 6,80 euros. C'est un petit resto authentique qui ne paie pas de mine, très fréquenté par les Chinois et les étudiants fauchés. J'aime bien leur salade de pattes de poulet crues, leurs raviolis gyoza maison, leur anguille aussi... Dans le quartier, c'est ce que je préfère. Sinon, à l'autre bout de la rue Beaubourg, il y a le petit vietnamien de la rue de la verrerie, mais cela faisait trop loin.
Ghislaine Azémard me présente comme un hyperartiste, comme on dit hypermédia ou hypertexte. Cela sonne bien avec l'arborescence en étoile de mon discours, une façon d'improviser en digressant free style tout en me raccrochant en aller et retour à mon fil directeur. Mon travail est polymorphe. Pour une fois que je suis en chair et en os face aux étudiants, je parle plus que je ne montre. Cela frustre un peu les profs qui disent que je la joue blogueur, mais j'ai toujours agi ainsi. Mes auditeurs y trouvent leur compte. S'ils sont curieux ils peuvent découvrir mes œuvres interactives simplement en me googlisant. Pour une fois que je sors de ma tanière et que je ne suis plus un être virtuel, j'en profite pour parler du métier, de la passion, brisant les tabous politiques et sociaux, donnant des chiffres et m'abandonnant aux confessions. Je cite Cocteau, rappelant qu'une œuvre est une morale. Je leur montre tout de même Alphabet, La Pâte à Son (capture écran ci-dessus), FluxTune, Le Sniper, Nabaz'mob, mais l'absence d'Internet m'empêche de leur exposer mon travail avec Nicolas sur FlyingPuppet par exemple. De toute façon, j'oublie plein de choses importantes, parce qu'il faudrait plus de deux heures pour faire le tour de la question, même au pas de course comme hier dans l'amphi. Les prestations courtes obligent à embrasser le sujet de manière large, plus philosophique et pratique que démonstrative. Cette fois j'ai négligé la complémentarité du son face aux images et la charte sonore au profit de la production de sens et d'émotions et des conditions de travail.
C'est étrange comme il est impossible de se connecter dans les écoles et les universités. Sous prétexte de pare-feu anti-viral, on rend impossible les contacts avec le monde extérieur, c'est aussi débile que toutes ces bornes wifi cadenassées. À New York, les réseaux sont partout ouverts pour se brancher où que l'on se trouve, dans la rue, dans n'importe quel immeuble, etc. À propos de FluxTune, on me reparle d'Electroplankton. Je sors regonflé de cette performance publique. J'improvise de plus en plus pour ne pas me répéter et éviter l'ennui, commençant mes phrases sans savoir où elles me mènent, sur le modèle de mes instantanés musicaux. Le danger qui me guette à chaque syllabe me donne des ailes.
Comme je suis arnaché de deux micros cravate sans fil et que je file pisser avant mon intervention, je ne me laisse pas surprendre et commente le parcours qui me mène aux toilettes : porte qui grince, porte battante, cour de récréation masquant mon intimité, commentaires sur l'ambiance scolaire... Mais personne ne m'entend, parce que le jeu est improbable. C'est la pause.
Je passe chez Violet chercher mon chèque et jette un coup d'œil au prochain livre à enregistrer pour le nouveau service de lecture audio par Ztamp (une puce RFID collée sur la couverture du livre pour enfants). À Noël, les Nabaztag partent comme des ptits là pains.
Sur le quai du métro République, j'entends "Monsieur Birgé !". C'est Sonia qui me reconnaît de dos au milieu de la foule pressée grimpant dans la rame. Elle veut bien s'occuper de Scotch en notre absence. Ouf, je peux partir tranquille. On en reparlera bientôt, mais je vais faire une pause d'un mois où je ne publierai aucun billet. J'ai mis le temps à me décider...

mardi 11 décembre 2007

Suspension


La photographie date d'il y a deux ans. Mon petit film Le Sniper faisait l'objet d'une installation dans une rue piétonne d'Utrecht pour l'exposition Soft Target. War as a Daily, First-Hand Reality. Il était également projeté dans la Galerie Bak sur un petit moniteur au bout d'une cursive dont le plancher était en verre. Certains visiteurs enclins au vertige étaient incapables de franchir le corridor transparent. J'aimais beaucoup cette impression de suspension, palais des glaces vertical aux parois de métal lumineuses accentuant le malaise propre au film, impression de danger imminent pouvant survenir de toutes parts. Chacun évitait soigneusement d'évoquer l'aspect grivois du dispositif dont seul l'architecte était l'auteur et j'avoue être descendu prendre discrètement mes photos.
Est-ce le même rêve de vol qui me pousse à passer quelques jours dans les arbres au Laos ? Quelques fondus y ont construit des maisons dans une réserve de gibbons auxquelles on accède par des tyroliennes, des poulies avec harnais glissant sur de longs câbles au-dessus de la forêt.
Je me suis raccroché à cette branche, totalement épuisé d'avoir pondu quelques vingt mille signes hier pour le prochain Journal des Allumés. J'essaye de me débarrasser de tout ce que je dois écrire avant mon départ. Comme j'avais terminé les articles du Muziq qui sortira en février (le n°12 sort demain), je me suis attelé au n°21 des Allumés. J'ai donc sorti cette image de mon chapeau. Il est temps que je m'en aille loin pour recharger mes batteries et réalimenter le fonds dans lequel je pioche lorsque je suis en mal d'inspiration. N'empêche qu'à Utrecht ils ont de bons fromages hollandais et des petits poissons délicieux à dévorer dans la rue. Ça irait bien avec les cornichons au sel et les aux vinaigrés qu'Elsa nous a rapportés de Moscou. On comprendra que j'ai faim. Mais ne suis-je pas toujours affamé ?

lundi 10 décembre 2007

Art et divertissement


Nicolas a lu Marin Karmitz dans le Nouvel Obs comparer Hollywood au cinéma disant que cela revenait à comparer Jeff Koons et Picasso. Il ne faut pas confondre l'entertainment et la création artistique. Le premier est une petite mécanique bien réglée, la seconde un monstre boiteux. Qu'ont encore à voir l'art académique ou l'industrie culturelle avec l'expression artistique ?
Question de questionnement. Les œuvres d'art n'apportent aucune réponse, elles interrogent. L'énigme ne tient pas à l'objet, mais au sujet qui la regarde. L'interrogation ne concerne pas les intentions de l'artiste, mais l'interprétation du spectateur.

samedi 8 décembre 2007

Ce soir, je fais le zig au Théâtre Paris-Villette pour Poptronics


Communiqué de presse :
Poptronics, l’agenda des cultures numériques, investit la scène du Théâtre Paris-Villette pour une soirée performance éclectique, inclassable et, on l’espère, surprenante. Lancé fin juin 2007, le site Poptronics a fait son trou dans le flot de l’info en ligne, en progressant de jour en jour (600 000 pages vues, près de 30000 visiteurs uniques en novembre) avec son graphisme radical, ses choix éditoriaux affirmés et sa ligne décalée. Musique et archi, jeux et net-culture, nouveaux médias et bidouilles sonores, les choix de poptronics sont à l’image du site, modernes.
L’équipe, qui mélange artistes et journalistes, chercheurs et même un chat (le seul et unique chat pigiste au monde, Guillaume-en-Egypte, qui revisite à coups de pattes graphiques l’actualité du monde) vous invite à la rencontre. De Christophe Jacquet dit Toffe, responsable de la ligne graphique, qui maniera la souris et le verbe pour décortiquer la pop’architecture, à Jean-Philippe Renoult, Elisabeth Lebovici, et même Julie, qui œuvre dans l’ombre à la qualité éditoriale du site… Annick Rivoire, fondatrice et directrice de publication, les présentera tous (même les absents).
Mais Poptronics ne pouvait se contenter de la jouer « auto-promo » : son pop’lab, le magazine en PDF ouvert à l’expérimentation artistique, se veut aussi une passerelle entre les arts et les pratiques, du net-art au graphisme, de la musique au post-graff. En guise de pop’cerise sur le gâteau, des artistes ayant investi cet espace viendront pratiquer une « extension » scénique de leur projet.
Au programme, les « instants RSS » de Nicolas Frespech, la faconde du compositeur Jean-Jacques Birgé, etc.
Si Poptronics convie à deux heures d’échanges, rires et surprises, sur la scène relookée du Théâtre Paris-Villette, c’est grâce au projet x-réseau, initié par le Théâtre Paris-Villette en faveur de la création artistique en réseau. Depuis janvier 2006, x-réseau réunit des créateurs, des chercheurs et des penseurs, qui élaborent ensemble une scène du Net, plate-forme technologique et artistique dédiée aux arts en réseau...

Ce soir samedi à 20h précises (ouverture des portes à 19h).
Entrée libre, réservation conseillée (nombre de places limité) par mail à info@poptronics.fr
Théâtre Paris-Villette, Parc de la Villette 211, av. Jean Jaurès Paris 19e, métro Porte de Pantin.
L'image a été réalisée à partir de FluxTune, software musical encore inédit, créé en collaboration avec'' Frédéric Durieu.

J'ignore encore ce que je vais raconter et présenter ce soir, mais ce sera forcément une suite ou la réponse au Pop'lab que Poptronics m'a commandé il y a quelques mois et que j'ai centré sur l'étincelle créatrice. J'ai pondu 17500 signes, envoyé 25 de mes photos (libre à Toffe de les utiliser ou pas pour sa maquette) et adjoint 5 mp3 qui jalonnent ma carrière. On dit carrière du chantier à ciel ouvert d'où sont extraits les cristaux qui m'ont alimenté, du sable pour commencer, un grain, histoire de gripper la machine. J'ai exhumé la première pièce électro-acoustique que j'ai enregistrée en 1965, suivie d'une autre de 1968, tout aussi inédite ! J'ai également choisi le premier morceau de mon premier disque datant de 1975, et deux autres œuvres, une pièce pour orchestre symphonique composée avec Francis et Bernard et pour terminer un truc "récent" plus explicitement électro. Dès qu'il aura été publié, ce qui ne saurait tarder, j'apporterai probablement ici quelques éclaircissements complémentaires à cette somme qui comprend aussi un long entretien avec Annick Rivoire et Elisabeth Lebovici et une accumulation obsessionnelle appelée playlist du moment. Ne sachant plus comment m'y prendre pour retrouver la vivacité inventive de mes débuts musicaux, je suis retourné en arrière pour remettre le compteur à zéro et retrouver la fraîcheur de l'inconscient, cette innocence que seule la ruse pourra ensuite contrebalancer. J'ai saisi qu'il fallait que j'abandonne toutes mes bouées de sauvetage pour faire ce que je ne sais pas faire. Le danger donne des frissons, sa proximité force les miracles. Pour continuer à inventer j'ai triché en changeant de support, entre autres avec ce que l'on a eu coutume d'appeler le multimédia. Il m'a fallu composer avec de nouvelles incompétences que je devais contourner à chaque nouveau passage à l'acte. Si le cinéma a structuré mon langage, la musique a conservé son mystère.
Sur son blog, Etienne Mineur signalait avant-hier l'entretien que Jean-Luc Godard a donné à Arte la semaine dernière dont une phrase exprime bien ce que je viens de tenter de résumer. Retournant celle du Guépard de Visconti, "Il faut tout changer pour que rien ne change" (j'évoquai ici-même le rôle des révolutionnaires dont une des fonctions involontaires est de permettre au système de perdurer), Godard ouvre ses Histoire(s) du cinéma avec "Ne change rien pour que tout change" qui correspond parfaitement à la pensée de mon Pop'lab.

samedi 1 décembre 2007

Cascade


Je remontais de la librairie du Monte-en-l'air avec trois bédés dans ma gibecière lorsque j'ai trouvé un message d'un de mes anciens étudiants des Arts Décos de Strasbourg dans ma boîte FaceBook. Ouh la la, rien qu'avec cette première phrase je pourrais embrayer sur une demi-douzaine d'articles. Procédons donc par l'ordre d'apparition de ses termes, sans développer pour autant.
1.
Je remontais de la Place de la République où j'étais allé me faire faire de nouvelles lunettes pour ma presbytie galopante. J'en choisis de légères qui ne se voient pas de face, mais apportent une touche de couleur de profil. Comme j'en ai déjà des oranges et des rouges, j'ai pris une paire de violettes à branches jaunes. Le choix de la monture dépend de mon habillement. Si l'on est coquet, il faut savoir soigner les détails, chaussettes, ceinture, mouchoir, etc.
2.
de la librairie du Monte en L'air qui, en juin, avait reçu une visite de la police (sur “signalisation” selon eux) qui venait constater la présence dans sa vitrine d’une affichette annonçant la première réunion du comité de soutien à Lamine Dieng, “mort dans un fourgon de police”, ainsi que d’une affichette “maison” proclamant “Ici on meurt dans des fourgons de police”. Les policiers ont prétexté qu’il était interdit d’afficher de telles choses qui “portaient atteinte à la police”, ont pris des photos et sont repartis avec l’affichette “maison” (j’ai refusé de retirer l’autre, précise Guillaume). Ils m’ont convoqué au commissariat pour une “audition”. J’ai décidé de ne pas m’y rendre pour ne pas prêter le flan à ce qui ressemble fort à une tentative d’intimidation. J’ai affiché ensuite dans ma vitrine la convocation ainsi que le texte suivant : “Ici on convoque le libraire au commissariat de police pour avoir manifesté son soutien au moyen d’une affichette à la famille de Lamine Dieng, mort dans un fourgon de police”.
3.
avec trois bédés : le huitième volume de l'anthologie de Robert Crumb, une nouveauté signée Ulrich Scheel intitulée Les six coups de Philadelphia et le magnifique ACME, quatrième livre de Chris Ware. Comme je n'ai encore lu ni les uns ni les autres, il faudra probablement que j'y revienne, comme sur de nombreuses bandes dessinées conseillées par Guillaume, de Blutch à Johann Sfar en passant par Charles Burnes, Daniel Clowes, Guy Delisle, Dominique Gobbet, Florent Ruppert et Jérôme Mulot. J'ai déjà parlé ici de ceux qui m'ont le plus marqué, les rééditions et nouveautés de Francis Masse, Persepolis par Marjane Satrapi, Kafka par Crumb, Fraise et chocolat d'Aurélia Aurita... Il me semble qu'ACME, dans sa longue robe rouge, noir et or, mériterait que l'on s'y attarde tant l'objet est incroyablement touffu, totalement incongru et aussi imparable que le fut Jimmy Corrigan. Un cadeau pour Noël à tout amateur de BD extra-ordinaire.
4.
lorsque j'ai trouvé un message d'un de mes anciens étudiants : c'est agréable de recevoir de leurs nouvelles et de savoir ce qu'ils deviennent. Thomas Deyriès, dont je reproduis ici une planche extraite de son projet de diplôme, présente un superbe travail avec petit carnet à feuilleter, films d'animation, textes, etc. Il y conjure sa peur de la mort, bon début !
5.
aux Arts Décos de Strasbourg, la section Didactique Visuelle dirigée par Olivier Poncer est un de mes endroits d'intervention préférés. Les élèves sont hyper-motivés, inventifs, créatifs. Que demander de mieux ? Qu'ils trouvent un travail à la hauteur de leur talent lorsqu'ils sortent de l'école ! J'essaie de comprendre comment ils fonctionnent entre eux, ils me donnent des tuyaux sur ce qu'ils aiment, je les écoute...
6.
dans ma boîte FaceBook. Ce site de contacts m'aura permis de retrouver des amis et relations de travail perdus de vue depuis longtemps. C'est un gouffre qui peut vous avaler toutes vos journées si l'on n'y prend garde. Je préfère LinkedIn, plus professionnel, et MySpace, plus catégoriel (les musiciens, en ce qui me concerne). Mon inscription ici et là est d'abord expérimentale. Je commence toujours par jouer le jeu pour comprendre comment cela fonctionne et me faire ma petite idée avant de dégoiser sur le sujet. Ça viendra. J'ai tout de même été happé par le blog !