70 Multimedia - mai 2009 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 28 mai 2009

Nabaz'mob reçoit le Prix Ars Electronica 2009 - Award of Distinction Digital Musics


Nous sommes fiers d'annoncer aujourd'hui que notre opéra pour 100 lapins communicants, Nabaz'mob, vient de recevoir l'Award of Distinction Digital Musics du Prix Ars Electronica 2009. La cérémonie aura lieu le 4 septembre à Linz en Autriche au cours du festival qui se tiendra du 3 au 9.
Pendant qu'Antoine Schmitt termine d'adapter le second clapier constitué de v2, des Nabaztag/tag, à la partition que nous avons écrite ensemble, je me perds dans des stratégies de communication pour annoncer l'inauguration de l'exposition "Musique en Jouets" le 24 juin au Musée des Arts Décoratifs à Paris qui se tiendra jusqu'au 8 novembre 2009. Les lapins au Louvre, on aura tout vu ! Cela se passe dans une aile du Louvre pour être précis, avec des lapins qui ne savent pas encore voler, mais faut voir... Aux côtés de Nabaz'mob, participent également Pierre Bastien et ses drôles de machines en Meccano, Pascal Comelade et ses instruments-jouets et Eric Schneider et sa collection de synthétiseurs pour enfants. Dans la salle des machines seront présentés, entre autres, la Pâte à Son que j'ai réalisée avec lecielestbleu et Alphabet, chef d'œuvre épuisé de la grande époque du CD-Rom, que Frédéric Durieu, Murielle Lefèvre et moi-même créâmes dans la joie et l'allégresse d'après l'illustratrice Kvĕta Pacovská il y a dix ans déjà.
Recevoir le Prix Ars Electronica 2009 devrait nous permettre de faire voyager toute la marmaille, d'autant plus facilement que nous serons désormais à la tête de deux clapiers, sur les traces du Théâtre du Soleil à se démultiplier aux quatre coins du monde ! D'ici là, nous serons à Quimper le 12 juin au Théâtre de Cornouaille lors de l'évènement "Entre chien et loup" pour deux représentations.

samedi 23 mai 2009

Le Ballet Triadique


Il y a une douzaine d'années je passai une semaine de rêve sur l'orgue de la Cathédrale de Stuttgart pour un ballet qui ne vit jamais le jour. L'interrogatoire que je dus subir en amont de la part des hautes autorités écclésiastiques restera un moment d'anthologie surréaliste dont je me sortis plutôt bien, sans tricher mais répondant sur le fil du rasoir. Je composai ma partition en répertoriant tous les tuyaux produisant des sons incongrus. De ce voyage ne me restent que quelques cartes postales du Ballet triadique d'Oskar Schlemmer (1923) et chaque fois que je regarde ces images une foule de pensées m'envahit. J'imagine des sons inouïs proches de Maurizio Kagel et une chorégraphie cinétique dont je n'ai jamais eu l'occasion de voir aucune reconstitution. J'en ai néanmoins trouvé un petit extrait sur YouTube :

Marc Boucher, en citant Mathématique de la danse (1926) donne corps à mes rêves : "Songeons aux possibilités que nous permettent d’envisager l’extraordinaire progrès technologique d’aujourd’hui, tel que représenté par les instruments de précision, les appareils scientifiques de métal et de verre, les prothèses, l’habit fantaisiste du scaphandrier ou l’uniforme du militaire. Imaginons ensuite que ces produits, qui sont au service des fonctions rationnelles à une époque aussi fantastique et matérialiste que la nôtre, puissent être appliqués au domaine inutile de l’art. Nous obtiendrons alors plus de fantaisie que ce que l’on retrouve dans les visions de E.T.A. Hoffman ou dans celles du Moyen Âge". Attaché au geste instrumental, j'imagine un jour pouvoir revêtir un costume qui ait la fonction d'interface pour contrôler mes sons et ma musique tout en faisant jaillir la lumière du tableau vivant.

samedi 16 mai 2009

Or not toupie suites / lagune lacune


En novembre 2007, j'écrivais quelques mots sur l'installation que Nicolas Clauss venait de créer dans le sud de la France. Elle s'intitulait Or not toupie. Commande du site d'Arte, une œuvre interactive se construisit dans la foulée sous le titre de Or not toupie suites. La première est exposée jusqu'au 7 juin à la Maison des Métallos pour la saison numérique Immatérielles, la seconde est enfin en ligne. Elle m'a inspiré ce nouveau petit texte :
Il faut toute une vie pour apprendre qui l’on est. Le souvenir des parents encombre les enfants qui n’en finiront jamais de grandir. La route défile. On ne règle les comptes qu’avec soi-même. Au-dessus des voix des personnes âgées évoquant leurs jeunes années, des images d’antan, figées dans leur jus, se mélangent aux gestes d’enfants d’aujourd’hui. Les petits papiers pliés s’envolent comme des feux follets. Les masques tombent dans une danse macabre où l’espoir se grime en clown pour se jouer des perspectives. Personne n’est pourtant véritablement présent à l’écran. Tout se devine. La vie rêvée se dessine. Les sons enregistrés de la partition sonore, voix des contes d’hier et de demain, bruits remémorés et musique des songes, accompagnent les tableaux vivants dans une mise en abîme, un puits sans fond d’où les images d’une beauté renversante jaillissent comme des fantômes de jouvence. Hamlet fut jadis un enfant.
Hier soir, pour l'inauguration d'Immatérielles, beaucoup de monde s'était déplacé à la Maison des Métallos où l'organisation de ce magnifique espace n'était hélas pas à la hauteur de la programmation. Que cela ne vous retienne pas, c'est invisible lorsque l'on est happé par l'obscurité d'où jaillissent les œuvres exposées.


Je profitai de la proximité dans le quartier des Portes Ouvertes des ateliers de Belleville pour rendre visite à Marie-Christine Gayffier. C'est à deux pas des Métallos, de 14h à 21h jusqu'à lundi. La feuille dure de plastique transparent qui recouvre ses derniers tableaux leur donne une profondeur qui rappelle la technique des cellulos des dessins animés. J'ai toujours aimé la perspective courte que produit cet effet de peindre dessus dessous. Les pinceaux de l'artiste ont débordé sur ce support qui tient lieu de cadre plat à ces toiles sans bords. Ici les intentions sont suivies des faits.

vendredi 15 mai 2009

Reconditionnement


Rapides, efficaces, Antoine et moi avons entrepris un marathon hier pour notre opéra Nabaz'mob qui sera présenté au Musée des Arts Décoratifs du 24 juin au 8 novembre dans le cadre de l'exposition Musique en Jouets. Nous sommes d'abord allés chercher les 120 lapins v.2 dans une zone d'activités extra-terrestre, no man's land de hangars parallélépipédiques en métal où l'on est fouillé électroniquement et physiquement par la sécurité dès que l'on franchit le moindre portail. À l'intérieur du stock, nous assistons à un ballet de chariots-élévateurs ahurissant. En voyant la hauteur du bâtiment et les lames de métal qui s'emparent des palettes je comprends mieux comment nos malles avaient été éventrées par un conducteur indélicat. Notre énorme colis tient parfaitement dans ma vieille Espace. Il faudra que nous la dépiautions lorsque nous serons rentrés pour pouvoir ranger ce nouveau clapier à la maison en attendant de faire les essais. Antoine doit d'abord terminer les réglages pour adapter la programmation à ces Nabaztag de seconde génération. Les oreilles tournant plus vite, nous ignorons encore comment cela agira sur les lumières et la musique... Nous sommes ensuite passés chez Violet récupérer les dix-huit lapins qui avaient justement été blessés dans un accident de stockage. Ils sont enfin rétablis, prêts pour le prochain spectacle qui aura lieu à Quimper le 12 juin au Théâtre de Cornouaille pour le festival "Entre chien et loup". Restait la question des 25 multiprises, pour le nouveau clapier, que nous avons résolue au BHV, certainement l'endroit où nous avons constaté le plus de choix pour le matériel électrique. Les barres droites ne coûtaient que 5 euros pièce contre 14 pour les étoiles que nous utilisons habituellement. Bleues, elles se fondront mieux dans le décor. Cela n'a pourtant aucune importance puisque nous les camouflons toujours sous des pendrillons noirs... Il ne nous reste plus qu'à faire fabriquer des flight-cases pour pouvoir prendre l'avion avec toute la marmaille. Nous voilà donc à la tête de deux clapiers de cent lapins, le premier destiné à voyager tout autour du monde, le second pour l'instant plus sédentaire, élisant domicile pour cinq mois dans une aile du Louvre !
Mais le plus excitant reste à venir. Nous avons commencé à travailler sur un nouveau projet qui fera suite à Machiavel (1999) et Nabaz'mob (2006). Le premier était un scratch vidéo interactif de 111 boucles, objet comportemental réagissant au plaisir et à l'ennui. Le second, évoqué ci-dessus, interroge les notions de contrôle et d'indiscipline. Le troisième entraînera les spectateurs dans la tourmente, mais il est beaucoup trop tôt pour en dévoiler les secrets. Nous sommes enfin excités après avoir longtemps cherché ce que nous pourrions faire ensemble après Nabaz'mob. Il s'agira d'une œuvre plus explicitement politique que les précédentes, sans pour autant négliger la fascination spectaculaire que suscitent les mises en abîme.

dimanche 10 mai 2009

Portraits en nuage de tags



Antoine Schmitt m'envoie mon nuage de tags (à gauche) que le site 123people.fr a compilé après qu'il ait tapé mon nom dans le champ de recherche.
Le moteur prétend explorer presque chaque recoin du Web pour vous aider à trouver des informations sur vos (futurs) proches. Grâce à (sa) technologie de recherche, trouvez les profils de vos amis, de connaissances ou de célébrités. Chaque profil 123people comporte des adresses email, des numéros de téléphone, des images, des vidéos, des profils issus de plateformes communautaires, de Wikipedia, et bien plus encore... Tous ces résultats sont automatisés et rassemblés en temps réel à votre demande spécifique. Aucune information n'est stockée et les adresses email, postales et les numéros de téléphone proviennent de banque de données publiques locales (France) et internationales.
Rien de très nouveau, pas de surprise, une googlisation classique donne même plus de résultats, à condition que l'on y passe du temps, tout dépendant de la notoriété de la personne et donc du nombre de pages que le site de recherche a indexées. Les agrégateurs de flux RSS comme Netvibes nous ont habitués à embrasser d'un coup d'œil les réponses que nous attendons. 123people accélère la recherche, résume et compile.
C'est évidemment la compilation qui est amusante, à l'image de l'outil "synthèse automatique" du logiciel Word qui résume un texte, le nuage de tags vous taille un costard en deux coups de cuillère à vous faire la peau.
Mon portrait au nuage de tags est plus fidèle que d'autres essais que j'ai ensuite réalisés en tapant le nom de mes camarades. Précédées opportunément par Musical et Instantané, mes casquettes de compositeur de musique et designer sonore me conviennent parfaitement après mon lien au Cinéma appuyé par L'image. La nature de mes productions (Disques Grrr, Cd-roms - souligné par la répétition !) précisent quelques uns de mes succès (Carton, Machiavel, Nabaztag, le Sniper, Alphabet et Drame pour Un Drame Musical Instantané). Mon attachement à Paris s'inscrit en lettres géantes, ma collaboration avec Nicolas Clauss occulte celle avec Antoine Schmitt, même si Machiavel est en bonne place et que le pluriel de lapins renvoie à notre Nabaz'mob ! Les choix mécaniques sont aussi arbitraires que s'ils avaient été décidés par un être de chair. Je pense aux absences, à commencer par ce blog qui m'occupe quotidiennement et, à côté de mon nuage de tags, je copie-colle celui de Françoise, aussi réussi, si si. Antoine précise "qu'il faut de la matière (beaucoup de pages et de texte) pour que l'algorithme fonctionne". À suivre (sic).

samedi 2 mai 2009

Pecha Kucha 8, un feu d'artifices dans le noir


L'ambiance était sympathique et fraternelle. Les Designers Interactifs avaient organisé leur huitième édition parisienne de Pecha Kucha au Divan du Monde en partenariat avec la revue Étapes. La salle était pleine à craquer. Les douze designers, qu'ils soient d'images ou de sons, tournaient autour de tout ce qui se goûte, des mets gastronomiques sculptés pour le plaisir des sens à un lounge sélect de Macao où les bulles de champagne pétillent sur les murs, parfois plus sévèrement, de la carte Navigo qui fait bip aux matières tactiles, et toutes sortes de kaléidoscopes de formes appliquées tournoyant sur les trois écrans habilement disposés, si ce n'est quelques boules pendues au plafond oblitérant les rectangles tendus... Je dois avouer avoir été particulièrement séduit par les livres interactifs présentés par Étienne Mineur. Livre à déplier et replier, livre réagissant à la température, livre à puces sonores (là vous nous entendez venir sur la pointe des pieds, Sacha et moi !)... Quand le design interactif des nouvelles technologies fait un retour de flamme vers le plus interactif des supports jamais inventés. Tout bonnement génial ! Mais ne rêvez pas trop vite, Étienne présentait des prototypes, juste pour nous mettre l'eau à la bouche. Quant à moi, je présentais FluxTune, déjà évoqué dans cette colonne. Les collègues qui feuilletaient leurs books à la vitesse V des 6 minutes 40 imposées nous faisaient tourner la tête. Je préfère les démonstrations concentrées autour d'un seul projet. Qu'importe le contenu des flacons, la salle était en liesse, fascinée par le feu d'artifices des propositions des douze designers aussi passionnants que variés.


Le Pecha Kucha rassemble essentiellement des jeunes gens de la profession, le design appliqué à tout ce qui se présente. Comment rendre ergonomique notre approche du monde. À défaut de sens, comment lui donner des couleurs ? Justement, en regardant les belles photographies de Rémy Deluze, je ne peux m'empêcher de m'interroger sur l'uniformité vestimentaire des designers présents sur la scène et, plus encore, dans la salle. Est-ce une manière de ne pas faire peur aux clients que de présenter le noir (le marron, le sombre, le beige, le gris) comme un retrait qui laisse la place d'imaginer ce qui leur convient ? Toujours à la recherche de saveurs prononcées, je faisais tâche au milieu de tout ce noir dont Monet disait que ce n'est pas une couleur.

vendredi 1 mai 2009

Dératés informatiques


Pause. C'est le jour ou jamais. Il a suffi que Françoise ouvre iTunes pour que son écran 24 pouces tout neuf se mette à faire des siennes. Chaque fois que je cliquais sur une partie de l'image il improvisait de nouvelles formes. C'était assez joli, mais plutôt inquiétant. Tout est revenu dans l'ordre après un redémarrage, mais j'avoue n'y comprendre rien. Pas plus que pour Cécile qui a reçu un drôle d'appel d'un type habitant Lyon, également chez Orange, qui venait de trouver dans sa boîte aux lettres l'intégralité des mails envoyés à Cécile depuis le 12 février !? C'est encore plus angoissant de penser que tous nos mails se promènent peut-être en copies quelque part sur le Net sans que l'on n'en sache rien. Imaginez que cela tombe en de mauvaises mains... Si quelqu'un a une explication, je suis preneur... C'est sans compter les mails importants qui tombent par erreur dans la boîte des indésirables sans que l'on sache pourquoi tout bouge soudain.