70 Multimedia - janvier 2016 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 15 janvier 2016

World of Yo-Ho, une nouvelle manière de jouer


N'attendez pas de moi que je vous explique comment ça marche, l'émission de TricTrac.tv s'en charge très bien sous les bons hospices du Capitaine Étienne Mineur. Ne pas être gamer ne m'a pas empêché d'imaginer le monde sonore et musical du nouveau jeu conçu et réalisé par l'équipe des Éditions Volumiques. World of Yo-Ho est un jeu de plateau innovant dont les pions sont des smartphones. Pour ce jeu de pirates les appareils sont transformés en bateaux à fond de verre évoluant de case en case, leur accéléromètre leur permettant de repérer exactement où ils voguent sur la carte de 80x80cm. Il se joue de 2 à 4 joueurs à partir de 14 ans, mais de jeunes moussaillons s'en sont très bien sortis, en tout cas mieux que moi, alliant le plaisir du jeu de société aux mécanismes interactifs du jeu vidéo.
L'enjeu pour moi fut d'imaginer une charte sonore à deux états, si l'on tient le smartphone dans sa main comme une interface secrète ou lorsqu'on le pose sur la carte et qu'il s'anime. En effet les combats permettent de voir les boulets de canon voler d'une embarcation à l'autre, et quantité d'aventures génèrent des animations liées aux missions qui nous sont assignées. Ambiance maritime et effets réalistes sur le plateau, musique symphonique et sons d'interface anonymes lors de la prise en main. Comme tous ceux et celles qui ont participé à l'élaboration du Monde de Yo-Ho j'ai donné mon nom à l'un des lieux stratégiques, diminutif cavalier qu'emploient les marins lorsque je suis à bord !


Franchement c'est complexe, garantissant des heures d'excitation aux a(r)mateurs. Je n'échappe pas à la règle (du jeu) puisque trop manche je reste un art-mateur. Jeu de mots, jeu de vilains, jeu de pirates où chacun doit choisir son capitaine, animal totem, et son navire. La grosse boîte de 2 kilos contient le plateau, des cartes, 8 figurines ventouses de navire et capitaine, 8 figurines en carton à emboîter utiles si l'on joue à plusieurs mais avec un seul téléphone, 16 pages de règles du jeu (pour l'instant en français et anglais, mais des versions italienne et allemande suivent prochainement), sachant que l'application elle-même est gratuite (iOS et Androïd). Il y a aussi un petit extra, un jeu de cartes Yo-Ho. Chaque personnage et chaque navire obéissent à des comportements qui leur sont propres. Il y a des objets à récupérer, des îles qui se découvrent soudainement, des évènements inattendus (bouteille à la mer, trésor caché, tempête...), des alliances peuvent se nouer... Les parties sont sauvées automatiquement permettant de reprendre. Yo-Ho possède une adresse FaceBook et la mise à l'eau est prévue pour aujourd'hui-même !



World of Yo-Ho (War of the Orchids), ed. Volumique, dist. Iello, entre 50 et 60 € selon les points de vente
→ en exclusivité, à l'occasion de sa sortie, vous pourrez tester World of Yo-Ho chez Jeux Descartes, 52 Rue des Écoles, 75005 Paris, demain samedi à partir de 15h, en présence d'Étienne Mineur !

jeudi 14 janvier 2016

Cacatelec, la crotte téléguidée


Certaines mamans disent que leur bébé leur a laissé un petit cadeau lorsque leur progéniture a fait caca dans ses couches. Loin de moi l'idée d'analyser les tenants et aboutissants freudiens de cette remarque charmante, mais je me demande tout de même à quoi pensent les artistes Ella & Pitr lorsqu'ils nous envoient pour les fêtes une superbe crotte téléguidée ? Est-ce une critique ou un hommage à l'art conceptuel de Piero Manzoni avec ses 90 boîtes de conserve, à l'étron gonflable de Paul McCarthy, à la machine à caca de Wim Delvoye, à l'auto-portrait de merde du photographe Andres Serrano, aux peintures de Jacques Liziène, à la Shit Fountain de Jerzy S. Kenar, à la Vénus de Milo en caca de panda de Zhu Cheng, aux toiles de Christopher Ofili en caca d'éléphant, à celles en béton de Kamiel Verschuren, à The Home-Coming of Navel Strings de Noritoshi Hirakawa, au collectif Sprinkle Brigade, au street artist Gold Poo et tous les anomymes à avoir recouvert l'étron de peinture dorée ? L'idée était tentante, il est vrai.
Comme je fais avancer, reculer, tourner Cacatelec pour le plus grand bonheur des scatologistes de mes amis je repense au gag du porte-feuilles attaché à un fil invisible que l'on tire lorsqu'un passant essaie de le ramasser. Mais qui irait ramasser une crotte qui ne lui appartient pas ? Déjà que la plupart des propriétaires de chiens de mon quartier laissent leurs bêtes chier sur le trottoir avant de filer à l'anglaise... Ella et Pitr ont l'habitude de fabriquer toutes sortes d'objets dérivés à partir de leurs affiches, et c'est probablement dans leurs carnets intimes où ils croquent leur vie quotidienne avec leurs deux enfants qu'il faut chercher la référence à leur amusante provocation. J'ai entendu dire qu'ils pourraient produire bientôt quelques unes de ces drôles de machines qui interrogent néanmoins fondamentalement nos objets de consommation, et notre consommation tout court. Pas question pour autant de marcher dessus du pied gauche sans la casser ! Mon père écrivait W6496 qu'il retournait dans le miroir, on jurait en commençant par M... que l'on terminait par "... ercredi prochain !", ma grand-mère avait coutume de me dire "merde !" avant chaque composition, mais il ne fallait surtout pas répondre "merci" pour que cela porte bonheur... Cette histoire me laisse perplexe, car je n'ai ni roulettes pour filer, ni télécommande qui oriente ma réflexion, ni rien, mais rien du tout, c'est juste la merde à l'image de l'année qui vient de se terminer !

N.B.: dans un tout autre esprit que Cacatelec (rue du faubourg Saint-Honoré oblige !), ce soir jeudi à la Galerie Lefeuvre a lieu le vernissage de l'exposition collective Paper ℗arty 3 avec Paul Insect, Mist, Pixel Pancho, Daniel Muñoz 'San') où Ella et Pitr signeront leur nouveau livre Baiser d'encre, recueil de dessins de leurs carnets intimes (attention, même titre que le film que Françoise Romand leur a consacré, DVD également disponible sur Superbalais).

P.S.: puisqu'on en est là je recommande très sérieusement la lecture passionnante du livre Le charme discret de l'intestin de Giulia Enders chez Actes Sud, somme fabuleuse d'informations sur notre second cerveau racontée avec humour et perspicacité !