Il y a exactement vingt-cinq ans, j'avais acheté un petit livre passionnant intitulé "Musique et ordinateur", publié par l'Edition du Centre Expérimental du Spectacle. Un chapitre avait particulièrement attiré mon attention, "Les illusions auditives", rédigé par David Wessel et Jean-Claude Risset. L'objet était accompagné d'exemples sonores sur une cassette audio : sons montant indéfiniment, sons descendant de même, ou encore simultanément, paradoxes rythmiques, localisation auditive, etc. J'ai toujours adoré l'illusionnisme et les expériences optiques, collectionnant, modestement, les ouvrages d'anamorphoses ou de stéréogrammes, les livres animés et les expériences hallucinogènes.
Franck Vigroux, avec qui j'ai enregistré tout le week-end, évoqua deux situations amusantes. Nous avions été plongés dans l'écoute des messages du répondeur téléphonique que j'avais enregistrés entre 1980 et 1992, ainsi que dans les affres qu'il fit subir à mes vieux PPG et DX7-SuperMax pour des duos hardcore où ses goûts actuels le mènent depuis une année (prononcer an-née comme dans nouvel an). Nous avions donc besoin d'un peu de récréation au milieu de notre marathon stakhanoviste hypersonique.
J'ai donc été amusé de découvrir les sons en 3D dits holophoniques qui circulent sur la Toile depuis déjà un moment. S'il s'agit de simplement simuler une tête stéréo, il n'y a rien de très nouveau. En 1980, ne pouvant m'offrir la tête Neumann, j'équipai mes oreilles de deux micros miniatures Sony et réalisai des reportages merveilleux, comme si on y était ! J'ai souvent eu du mal à recréer la qualité que véhiculait mon cassettophone portable ainsi affublé, mais c'est encore ainsi que je préfère capter les ambiances. Les sons reproduits ci-dessous me semblent avoir bénéficié d'un traitement un peu plus savant ; la mise en ondes est agencée de façon à donner le son de référence suivi du traitement filtré de son timbre pour donner l'illusion gauche-droite, mais également les notions de haut et de bas, avant, arrière, et ce avec un simple casque stéréophonique.
Équipez-vous donc d'un casque, c'est indispensable, fermez les yeux et écoutez les deux exemples qui suivent (plus 40 mégas de mp3 en téléchargement si cela ne vous a pas suffi)... Rien à entendre avec le 5.1, tout se passe entre vos deux oreilles, et pourtant... L'expérience est étonnante. À vos casques !


La seconde fantaisie concerne les sonneries inaudibles que les jeunes gens entendent, mais pas les adultes ayant dépassé l'âge. Il est si pratique, en classe, de faire sonner son téléphone portable sans que le prof l'entende !

Vous pouvez aussi vous livrer à quelques tests d'écoute pour évaluer votre perte dans les aigus. Je n'ai, quant à moi, pas dépassé les 15000Hz.

L'illustration est une vue latérale de "Même dans les moments les plus calmes", peinture spatiale anamorphique de Louis Chacallis.
Côté images holographiques, vous pourrez jeter un œil aux défilés de mode de Diesel et Alexander McQueen qu'Étienne Mineur a justement mis hier en ligne...