J'avais été emballé par le passage de Birgitte Lyregaard et Linda Edsjö sur scène à la Maison du Danemark il y a deux ans. L'album CD de Inger qui vient de sortir est à la hauteur de mon souvenir. On n'a beau ne pas parler un mot de danois, les vers de la grande poétesse Inger Christensen (1935-2009) nous emportent dans un étrange pays où tout est musique. Le vibraphone de Linda Edsjö fait scintiller la glace. Le chant de Birgitte Lyregaard se démultiplie à l'infini en faisant résonner le cristal de la langue. On imagine les petites scènes d'un théâtre de marionnettes où les deux filles incarnent tous les rôles, parfois comiques, toujours lyriques. Tout à l'écoute, on garde les yeux grand ouverts, émerveillés par la magie de ces voix, cousines de Björk ou Camille, qui nous font voyager loin, très loin. Si Birgitte chante en transformant sa voix et Linda joue des percussions en chantant, l'atmosphère reste pure, brise légère où des lutins expérimentent d'étranges potions et où les papillons ignorent les saisons. Lorsque le silence envahit définitivement l'espace, on rêve de retourner au plus vite dans cette vallée où le mot merveilleux n'a jamais sonné aussi juste (Gateway Music).