En écrivant le billet Vinyle ou CD pour quelle musique ? la semaine dernière je ne pensais pas déclencher autant de commentaires polémiques sur Médiapart où ce blog est publié en miroir.
Mon propos était pourtant de désamorcer les jugements à l'emporte-pièce, quelles que soient les certitudes de chacun, en suggérant que, pour les auditeurs, à chaque support correspond une pratique, de la même manière que, pour un artiste, à chaque support correspond une œuvre, et réciproquement...
J'écoute des vinyles, des CD, des mp3 et autres fichiers compressés de plus ou moins bonne qualité, des séquences YouTube ou leurs équivalents, voire des bandes magnétiques, des cassettes, des DAT, des 78 tours, comme j'écoute diverses stations radio et que j'assiste à des concerts et autres spectacles !
Tout dépend des conditions, que je sois chez moi concentré sur ce que j'écoute ou en train de faire la vaisselle, que je compose dans mon studio ou si je conduis, ou encore lorsque je m'endors, etc.
Avantages et inconvénients résident dans chaque pratique. Certains penseront que le débat est absurde et que seule la musique vivante mérite le déplacement, mais alors il faudra là aussi évoquer les conditions d'écoute. Combien sont indisposés par le niveau sonore insupportable de certains concerts ? Les puristes ne comprendront pas que l'on n'interprète pas les œuvres classiques sur les instruments d'époque. Les musicologues se moqueront des audiophiles qui font écouter leur luxueux et onéreux matériel et se fichent de ce qu'ils y diffusent. D'autres ne supporteront pas le format mp3 qui supprime les "détails sans importance", détails qui restituent pourtant le plus fidèlement la vie. Et je ne parle pas de la musique dans les lieux publics, les restaurants, les magasins de vêtements, les ascenseurs, ou le sirop qui envahit les films... Etc.
L'important est d'avoir conscience de ce que nous écoutons, comment nous en profitons ou le subissons, en connaissance de cause. Comme toutes les autres formes d'expression artistique, la musique réfléchit le monde, enjeux économiques et révoltes créatrices, soupapes de sécurité et formatage des cerveaux, libération des pulsions et partage du plaisir d'être ensemble... Nous pourrions aussi étendre la question à tout ce qui passe par le canal auditif, pas seulement la musique !