Soirée électrique au Nouveau Casino dimanche dernier avec les rockers français Rise People, Rise ! qui assuraient la première partie autrement plus variée que les Gallois Future of The Left en tournée européenne et dont le hard punk déjanté est marqué par la musique traditionnelle de l'ouest de la grande île, sortes de Pogues hurlant à fond la caisse sur des tempi du diable.
En fait, "captivé" par la conversation avec l'ami canadien Atom Egoyan en marathon promotionnel pour la sortie de son nouveau film, je suis arrivé juste à temps pour Rise People, Rise !, n'assistant qu'à la prestation (d)étonnante des trois Français, power trio dont la puissance de frappe n'écrase jamais la richesse des timbres. Le bassiste Fred Talbot assure la stabilité vrombissante de la machine de guerre tandis que les chorus du guitariste Johan Toulgoat, plus teintés de West Coast héroïque que de pop british, développent les mélopées du chanteur-batteur Lucas de Geyter, tête chercheuse de l'orchestre. Pour leur Rise-Rock ou Heavy Art-Punk comme ils se définissent avec peine, Lucas joue des changements de tempo et de rythmes, tranchant dans le lard, hurlant des vers revendicateurs en anglais d'une voix dont le style pourrait évoquer Scott Walker si le crooner américain avait commencé jeune ses inaltérables hymnes effilés.
C'est peut-être par cette utilisation de la langue anglaise que le bât blesse. Éternelle question chez les rockers européens. Chanter en anglais banalise ici leur démarche pourtant originale qui se revendique de la transe du Post-Punk avant-gardiste, du Métal, des blousons noirs, de Brecht et du Baroque. Leur appel à l'insurrection tombe à plat si l'on comprend mal les paroles. Pire, s'inféoder à la culture anglo-saxonne lorsque l'on se réclame d'un futur révolutionnaire est une erreur politique. Du moins lorsque ce choix est exclusif. Car on peut parfaitement imaginer que des musiciens de cette envergure, capables d'autant de diversité, de rage et de cohésion, auraient tout à gagner à chanter en français. La place vacante laissée par Noir Désir est à prendre. Et cela commence à faire long !