Lorsque j'étais plus jeune, un petit bleu c'était un télégramme, quelques languettes de papier collées sur une feuille avec des phrases en style dit télégraphique parce que chaque mot coûtait, alors on allait à l'essentiel. Un bleu, c'est également une jeune recrue. L'heure bleue, c'est toujours l'instant fugace juste avant que le soleil se lève. Je me suis aussi souvent pensé fleur bleue, comme dans la chanson de Trenet, cordon bleu certainement, saignant comme le steak... Toutes ces analogies collent bien avec le groupe Tout Bleu de la multi-instrumentiste genevoise Simone Aubert. J'ai laissé de côté les bleus qui font mal, comme Le Grand Bleu, un film surfait, à mes yeux d'un ennui aussi profond que l'océan qui s'étendait derrière la plus petite salle de cinéma du monde, à l'île Tudy, où j'avais vu le succès de Besson, comme le sang des aristos, comme la peur qu'on sait mauvaise conseillère... Ainsi en écoutant Otium j'ai pensé qu'il serait juste de lui consacrer quelques lignes parce que c'est vraiment chouette et que j'avais jusqu'ici seulement évoqué le premier album de Tout Bleu, raté le single Creatures, et repéré Simone Aubert au sein du trio féminin Massicot et de l'excellent duo Hyperculte...


De quel temps libre parle Simone Aubert lorsqu'elle intitule le nouvel album Otium ? Certainement pas une pause méditative parce que ça déménage plutôt. Ni une retraite anticipée, ce serait la meilleure ! Peut-être simplement le choix de faire ce qu'on veut, sans se poser la question du succès ou de la pitance ? Juste créatifs. Sur de petites rythmiques comme des mouvements d'horlogerie mélodiques auxquelles se joignent la violoncelliste Naomi Mabanda, l'altiste Luciano Turella et le synthésiste POL, Simone Aubert chante le chaos du monde, l'ère de rien, mais je ne comprends pas les paroles de ses incantations répétitives. Elle joue aussi de la guitare et des pads. Ça plane bien...

→ Tout Bleu, Otium, LP / CD / Numérique Bongo Joe, dist. L'autre distribution, sortie le 10 décembre 2021