70 Perso - avril 2010 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 17 avril 2010

Celui de 3h13


Je me réveille systématiquement à la même heure. Pas une seule fois. Non, plusieurs dans la nuit. L'horloge projette ses chiffres rouges au plafond. J'ouvre un œil et je constate que ce sont toujours les mêmes. Nuit après nuit. Du moins je le crois. 3h13, 4h04 ou 4h06, 5h14, 6h23, 6h58, 7h30... Allez savoir avec les songes ! La nuit passée, j'ai rêvé du concert de ce soir. Tout était tordu. J'envoyais la musique avec un magnétophone à bande, mais tout tombait à plat sans les pédales d'effets que j'avais oubliées. Impossible. Inimaginable. Ce n'est pas mon genre. D'autant qu'il n'y aura ni magnétophone ni pédales analogiques puisque le flux vient de la petite radio rouge et que les effets programmés sur SuperCollider par Antoine sont contrôlés avec les mains devant la webcam comme avec un Theremin. J'ai appuyé sur le bouton stop comme si j'avais dépassé la durée promise, dépité, écœuré par mon amnésie. Il n'y a pas de bouton stop. Les rêves et les cauchemars qui ressemblent au réel sont difficiles à s'en débarrasser. Je dois me lever, aller pisser, faire quelques pas somnambuliques sur les trois petits tapis pointus pour stimuler la réflexologie de mes dessous de pieds et retourner me coucher. Je me rendors, un peu inquiet de retrouver le réel lorsque je préférerais m'échapper vers un sommeil plus cosmique. Debout, je devrai inverser le processus et créer des espaces impossibles. Si ma nuit ressemble au réel, je n'ai d'autre choix que d'empêcher le réel d'envahir mes journées.

mercredi 14 avril 2010

Un vélo dans les arbres


Les articles du Blog sont classés par catégories. Les plus nombreux se réfèrent à la musique ; de temps en temps je chronique des CD ou un concert, mais c'est probablement parce que j'évoque souvent mon travail qu'il y en a 354. Viennent ensuite 295 billets d'humeur, mes préférés, ils réfléchissent les us et coutumes ; politiques, ils déclenchent les injures. Le cinéma et les DVD occupent une grande part de ma vie, 248, c'est le secret de ma musique, ses sources, la narration ; j'essaie de parler essentiellement des choses qui me plaisent, je ne suis pas là pour dégommer, sauf si je vais à contre-courant de l'avis général... Les 239 billets du multimédia rassemblent des formes d'expression que l'on ne peut contenir dans aucune autre rubrique, arts interactifs, formes hybrides, bouquins, etc. Rien d'étonnant à ce qu'il n'y ait que 28 liens vers le théâtre, je m'y ennuie trop souvent. Les articles les plus lus font partie des 132 conseils pratiques, depuis la recette de la soupe miso à comment réparer son Mac, cela me sidère ! Les 168 confessions intimes et histoires de famille ont évidemment leur place dans un journal intime, mais devenu public je marche sur des œufs. Restent 149 récits de voyage, pas assez à mon goût, j'adore découvrir des pays où l'on ne parle pas ma langue, pour contrebalancer l'ours que je suis et qui sort peu de sa tanière. Comme j'ai fixé la limite de 50 chapitres à ma fiction il ne m'en reste plus que 13 à écrire avant de chercher un éditeur. Je continue à mêler le personnel et l'universel dans chaque billet que j'affuble d'une image et d'un titre en évitant les sujets dont tout le monde parle, à moins d'apporter quelque chose d'original au débat. Il y a des thèmes récurrents. Par exemple, la bicyclette ! C'est le moyen de locomotion que je préfère. Ne supportant plus l'automobile j'écoute moins la radio ; le métro rime avec boulot dodo même si c'est pratique pour rattraper mes lectures en retard tandis que le vélo a un air de vacances. Hélène Sage m'avait offert le petit qui est accroché dans l'églantier au-dessus de l'entrée et dont les feuilles commencent à sortir. Le pédalier entraîne la chaîne qui fait tourner la roue arrière. La taille idéale pour un hamster. J'oscille entre mon Brompton et les Vélib'. Chacun a son avantage. Le Vélib' est un joker à la marche à pied tandis que mon vélo pliant est le couteau suisse du nomade. L'effet est impossible à rendre en photo, mais le petit vélo dans l'arbre se fond avec les branches comme si c'était un nœud. Personne ne le voit jamais. Je ne sais pas pourquoi il m'a inspiré ces comptes d'apothicaire. À moins qu'un autre me trotte dans la tête, enfourché par l'araignée dont j'ai chanté l'histoire dans le second CD d'Hélène...