Des images et des sons. Bernard Vitet est venu écouter et regarder. Contrechamp à la pause. Je lui projète Thème Je que nos chansons accompagnent depuis que Françoise les a intégrées à son nouveau montage. Personne ne pose. Jeux de miroirs et loupe au goût de mon camarade qui en 1977 m'avait photocopié les gravures de son exemplaire du Livre des Inventions. Nous écoutons la maquette de mon nouvel album, du moins les premières ébauches. Bernard, présent à la trompette sur le troisième morceau, doit chanter sur le sixième, dès que j'en aurai écrit les paroles. Il n'avait pas vu non plus les films de Pierre Oscar Lévy de la collection Révélations sur lesquels j'ai placé quelques musiques composées ensemble. Je lui montre la richesse du nouveau site drame.org que j'espère mettre en ligne dès que Jacques aura terminé, soit, pour commencer, trente heures de musique inédites...


Françoise à la loupe elle aussi, sous mes Caramels. Avec, suspendu, le tableau qui fait fantasmer nos invités et délie les langues. Pas sans rapport avec Les miettes du purgatoire. Bernard n'est pas le dernier pour imaginer des histoires abracadabrantes. La chaudière est réparée, le feu frisote dans l'âtre, mais nous avons gardé nos manteaux...


Bien que je connaisse le film de Françoise, j'ai beaucoup ri et j'ai pleuré deux fois. En fait j'ai retenu mes larmes pour ne pas influer sur l'interprétation de Bernard qui évoque plusieurs fois Buñuel pendant la projection. Comme José Berzosa, lui aussi s'attend à ce que ce long-métrage choque une partie du public. Il craint que l'on reproche à Françoise de ne pas jouer. De ne pas jouer la comédie. Parce qu'elle joue beaucoup. Mais au jeu de la vérité. Jusqu'à s'en jouer, fictionnalisant les scènes, qu'elles soient impromptues ou sciemment composées. S'enjouant, sans joug, cent joues en feu, en joue, feu ! Je délire tandis que je l'entends tout en haut monter Gais Gay Games pour le Festival LGBT de Saint-Étienne. Elle me demande chaque fois de lui trouver ses titres. J'adore ça. Comment faire sans jouer avec les mots ?
Je titre "Portraits pour très", complétant dans ma tête "amis". Les cigarettes de Bernard m'ont collé la migraine. Il a même réussi à brûler mon nouveau fauteuil dans le studio. Je n'ai rien dit. Il est comme il a toujours été. Il dit que ce n'est pas le temps qui passe, mais nous qui passons. J'ai rigolé en pensant qu'il avait réussi à marquer son territoire...


En regardant cette photo, Bernard dit qu'il s'y reconnaît. C'est donc ainsi qu'il se voit. Cette fois ce sont les lunettes que j'ai trouvées sur eBay. Pas facile de trouver d'anciennes Matsuda à un prix décent. Je lui en ai aussi offert une paire pour le soleil. Il faut que je continue à surveiller si d'autres pointent leur nez sur le site d'enchères. C'est un des rares "endroits" où l'on peut dégoter l'introuvable. Bernard était plutôt en forme. J'ai donc extirpé mon appareil de son étui et j'ai mitraillé. Pour une fois que j'y pense !