70 Perso - janvier 2014 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 16 janvier 2014

Je fais l'ours


Il y a des jours comme ça...

mercredi 8 janvier 2014

Nous sommes tous des bipolaires


Une amie psychiatre m'expliquait que nous sommes tous bipolaires. Les pressions sociales exacerberaient la manifestation de symptômes entraînant une vente excessive de médicaments pour le plus grand profit des laboratoires. La pharmacopée qui y est associée orienterait même les souffrants. Avant cette mode dont les termes ne sont pas innocents on les appelait cyclothymiques ou maniaco-dépressifs. Je résume évidemment à gros traits maladroits une situation complexe.
D'un naturel enthousiaste et volontaire, je ne m'octroie qu'une ou deux crises existentielles par an, soit une journée de dépression molle où tout me semble vain. Le reste du temps je ne suis pas certain de remettre cette analyse en question, mais je m'y adapte en privilégiant ce qui est agréable ou confortable et en travaillant d'arrache-pied. Produire est une alternative enchantée au jeu d'échec dont nous sommes les pions. Dans ce panorama formateur, entendre formatage de la manière d'apprendre, j'évite surtout le concept de victime.
Aucun artiste ne se dévoile sans qu'une fêlure n'en soit à l'origine. La souffrance est le moteur de l'action, quitte à opérer quelque alchimie transmuant le plomb en or. Il existe d'autres répliques, mais elles sont beaucoup moins productives ou épanouissantes. Le monde, que l'on tente de nous faire accepter comme "notre" monde, est ressenti comme inenvisageable, nous poussant à en créer de nouveaux qui soient à la mesure de nos rêves. Cela fonctionne plutôt pas mal, mais certains jours le masque tombe et la mort réfléchit notre image.
Dans ces moments de doute ou d'incompréhension l'entourage peut être d'un grand secours. Au lieu de nous affubler des oripeaux de la maladie considérons la crise comme une lucidité complémentaire aux arrangements auxquels la société ou la famille nous poussent. Elsa m'explique que l'on propose rarement aux moteurs un poste de suiveur. Je souffre en effet d'être trop souvent à l'origine des faits et de ne pas être suffisamment sollicité. Ce déséquilibre récurrent me force à toujours plus d'initiatives, m'éloignant par là-même de mon fantasme du renvoi d'ascenseur. Si le serpent se mord la queue le dragon ne sait plus à quelle tête se vouer ! Heureusement ma bipolarité se satisfait de sa fréquence rare et de sa faible amplitude où les failles sont beaucoup plus rares que les pics ou les plateaux.

mercredi 1 janvier 2014

L'écrivient


Armagan m'envoie la reproduction d'une affiche des Project Twins, James and Michael Fitzgerald, deux graphistes irlandais qui ont dessiné un savoureux abécédaire de mots inhabituels. Si leur Scripturient est "animé d'un violent désir d'écrire", je me reconnais mieux dans l'image que dans le néologisme.
Enfants, nous apprenions à écrire avec des plumes Sergent Major. Notre pupitre d'écolier en bois possédait un trou rond où placer l'encrier en verre. Nous le remplissions avec une petite bouteille que nous devions trimballer dans notre cartable. Il arrivait évidemment qu'il se renverse lorsque le bouchon était mal vissé, produisant des drames. Si j'ai simulé une main en sang sur les pochettes customisées du vinyle 18 surprises pour Noël je n'ai jamais écrit avec le mien. Aurais-je signé Faust si le Diable s'était présenté à ma porte ? En regard de ce que Dieu a produit sur cette Terre, ou du moins comme les hommes ont agi en son nom, je n'aurais probablement ressenti aucune hésitation. La curiosité et mon insatiabilité créative eurent été trop fortes. Et si j'écris justement autant n'est-ce pas parce que mon cœur saigne ? Drôle de manière de commencer l'année, mais comme j'approche des 2800 articles sur ce blog j'imagine qu'Armagan a vu juste !
Les affiches des Project Twins me rappellent la façon de penser d'un autre graphiste, Michal Batory, avec qui j'avais travaillé pour l'exposition Le Siècle Métro dont il était le commissaire. J'aime la poésie dialectique produite par ces rencontres graphiques où les éléments se fondent les uns dans les autres pour inventer des objets improbables qui font sens en sollicitant notre réflexion critique.

Bonne année à tous et à toutes !