Ces dernières années j'ai pris l'habitude de fêter les anniversaires de mes amis en leur rappelant que chaque année est une victoire. Car avec le temps les disparitions s'accélèrent, plus fréquentes que les apparitions. Après dix ans de blog quotidien, la rubrique nécrologique s'est allongée. Mais en attendant son tour, qu'il est doux de vieillir ! On n'est pas obligé de refaire les mêmes bêtises, on peut en choisir d'inédites. Évidemment il faut avoir bien vécu pour ne rien regretter. Donc jeunes gens, n'attendez pas demain pour vous épanouir ! Il faut apprendre à jouir de chaque jour qui passe. Même si la santé, sujet d'inquiétude des anciens, est toujours aussi fragile. Les vieux s'en plaignent souvent pour avoir oublié les douleurs passées. Ils associent machinalement la maladie ou les handicaps physiques à leur âge, comme si les accidents n'avaient jamais entravé leur route. Ce ne sont simplement pas les mêmes. Les emmerdements ont la faculté de se réinventer. Leur liste est infinie. La vie est pourtant une fabuleuse course d'obstacles. Il faut en sauter un pour affronter le suivant. Il y a déjà vingt ans j'avais remarqué que les bonnes et les mauvaises nouvelles alternent en suivant un cycle, heureusement irrégulier. Irrégulier, parce que si l'on ne peut intervenir sur leur fréquence on peut toujours en influencer l'amplitude. Soixante-deux anniversaires, ça commence à faire un bail. Les plus vieux souriront, les plus jeunes s'inclineront. Sur la photo photo j'ai 3½ ans. C'est loin, mais il ne me semble pas avoir beaucoup changé. Les anniversaires sont une des rares fêtes auxquelles je tiens. Si je crains les grandes commémorations universelles, j'apprécie ce jour dont chacun est le héros. Comme face à la mort tous et toutes sont égaux. Ce n'est pas le quart d'heure de célébrité cité par Andy Warhol, mais 24 heures de la vie d'un homme, ou d'une femme, un peu spéciales. Avec une pensée émue pour les mamans qui ont fait tout le boulot.