70 Perso - octobre 2015 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 22 octobre 2015

Née dans une famille de musiciens...


Elsa est partie à Rome pour un mois. Elle y interprète Micaëla dans l'opéra Carmen de Bizet adapté par l'Orchestra di Piazza Vittorio jusqu'au 9 novembre au Teatro Olimpico.
"Née dans une famille de musiciens...". Lorsque j'ai lu les premiers mots de sa biographie je suis resté songeur. De quelle famille parle-t-elle ? J'ai d'abord pensé à mes parents. Papa adorait l'opéra, Karajan et le jazz de la Nouvelle-Orléans ; Maman n'est sensible qu'aux marches militaires ; je ne vois personne dans la famille à part ma grand-mère maternelle qui était soprano dramatique et avait chanté sous la baguette de Paul Paray, une qualité des jeunes filles de bonne famille au début du XXe siècle. Papa et Grand-Maman auraient adoré écouter Elsa. Du côté de mon père, ma cousine Susy joue du steel drum, de la flûte, du ukulele, etc., son fils David du piano et je crois que son frère Christopher était basson dans l'Armée de l'Air. Dans la généalogie de la maman d'Elsa c'est pareil. Mais voilà, Michèle est accordéoniste et elle compose de très belles mélodies. Quant à moi, je vis dans un monde sonore où tout ce qui passe par le conduit auditif constitue une partition universelle qui ne se taira qu'à ma mort. Qu'il s'agisse de la musique proprement dite ou de tous les bruits du monde je les vois comme je les entends, privilégiant leur organisation et leur sens aux lois du solfège et de l'harmonie.
Mon statut de père me saute alors à la figure. Et celui de sa maman évidemment. Elsa avait eu la sagesse de commencer sa vie d'artiste en devenant trapéziste, histoire de prendre son envol sans notre appui. La contorsion en haut du chapiteau lui a esquinté le dos et elle est revenue à la musique où elle s'épanouit de manière épatante. Elle dit que c'est sa maison. Je suis bêtement ému, sans penser que j'y sois d'ailleurs pour grand chose. Nous écoutions de tout, mais je n'ai pas souhaité lui léguer mes maladroites manières d'autodidacte. Elle a choisi les belles mélodies, celles qui fichent le frisson. Lorsque je l'ai vue sur la scène des arènes de Fourvière dans le rôle de Micaëla, j'ai aussitôt pensé aux films de Jacques Demy qui avaient bercé son enfance. Comme elle chante en voix naturelle on entend très bien l'influence de Georges Bizet sur Michel Legrand. Son goût pour les musiques du monde qui s'épanouit avec Odeia reste mystérieux, mais dans le spectacle Comment ça va sur la Terre ? ou dans Chroniques de résistance composé par Tony Hymas avec François Corneloup et le trio Journal Intime on retrouve son goût pour la chanson française, et là j'ai repensé à Papa, pour d'autres raisons qui n'avaient plus rien de musicales...

jeudi 15 octobre 2015

Speedy moi-même


Le temps file sans que je prenne le temps d'écrire. Après les souvenirs du voyage sud-américain d'Edward Perraud, c'était hier soir au tour de Médéric Collignon de vernir son expo de vues de sa fenêtre au Triton, Les Lilas. Le prochain accrochage d'un musicien-photographe sera celui de Louis Sclavis. Bonne idée de Anna Sanchez Genard de leur avoir proposé chaque mois de montrer leurs fantaisies iconographiques ! J'enchaînai avec l'inauguration du café-restaurant L'entr'acte à Bagnolet, près du Cin'Hoche, que Caroline Rossignol a décoré sur le thème du cinématographe, en particulier un beau bar à tiroirs et des lustres en film celluloïd perforé...
Tout avait commencé tôt le matin avec une émission en direct à Radio Aligre qui avait réuni toute l'équipe des Inéditeurs pour évoquer le poème graphique Boum ! dont j'ai composé la partition sonore. Courses à Belleville avant le déjeuner, à Paris Store pour les légumes exotiques et les herbes fraîches, de grandes bouteilles de Tsing Tao et les délicieux rouleaux de la Pâtisserie Têt composés de riz gluant, poitrine de porc et fleur de banane, puis chez Super Tofu (demandez leur tofu nao salé ou leurs brioches de riz, mais tout y est bon comme là-bas et incroyablement pas cher).
L'après-midi je bouclai avec Francis Gorgé la proposition de morceaux pour le vinyle que doit publier Le Souffle Continu de notre duo pré-Défense de, à savoir des pièces de 1974 et 1975 d'une énergie invraisemblable. Francis avait sa guitare Gibson SG Standard des origines et moi mon ARP 2600, le plus beau synthé analogique que je connaisse. J'écoutai aussi un autre futur vinyle, cette fois le master des remix d'Un Drame Musical Instantané par Jorge Velez, Tuff Sherm, Eltron John et Thurston Moore, que sortira DDD/La Source au début de l'an prochain. Comme ce n'était pas suffisant je fis les dernières corrections de l'application pour tablette La Famille Fantôme avec les Éditions Volumiques pendant que Sacha Gattino se concentrait sur l'exposition Darwin dont nous réalisons ensemble le design sonore pour La Cité des Sciences et de l'Industrie qui a rouvert ses portes depuis l'incendie de cet été (les dates de Darwin ont été de ce fait repoussées). Ma fille Elsa est également passée me voir avant son départ pour Rome où elle reprend son rôle de Micaela dans le Carmen de Bizet adapté par l'Orchestra di piazza Vittorio.
Une journée bien remplie qui ne m'a pas laissé un instant pour écrire...