70 Perso - octobre 2016 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 14 octobre 2016

Oulala a un nouveau copain


Xavier et Corinne sont venus dîner accompagnés du nouveau pote d'Oulala qu'ils ont laissé en partant. Pendant les premières semaines de sa vie nos amis l'ont appelé Jean-Jacques pour le différencier de ses trois frères et sœur ! Pour l'instant nous l'avons baptisé Django... Il est tout gris et tout doux avec deux yeux noirs et jaune, et l'air un peu ahuri. Mais ce peut être trompeur, car découvrir sa nouvelle maison est une épreuve à passer, surtout lorsque l'on est reçu par une jeune harpie qui dévoile un visage qu'on ne lui connaissait pas. Jusqu'ici, Oulala n'avait eu à faire qu'à des chats plus âgés qu'elle. Confronté à un petit minet elle l'a coursé sous les divans et dans le jardin en lui crachant quelques invectives qui ne semblaient pas être de bienvenue. Même impressionné, le petit ne s'est pas démonté, grondant et grimpant. Conclusion : comme tout le monde a plutôt une bonne nature, cela va se tasser probablement rapidement, mais tous les quatre nous avons eu une nuit très courte.


Comme nous n'avons plus l'âge de nous rouler par terre toute la journée, Oulala s'ennuyait. De temps en temps elle rendait visite à Pipo qui habite en face et qui lui retournait la politesse. Nous avons donc pensé que deux chats ne nous causeraient pas beaucoup plus de travail qu'un seul. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser au film de Tex Avery de 1946 où Lonesome Lenny n'arrête pas de se lamenter en marmonnant "Gee, I wish I had a friend...", sous-titré "J'aimerais bien avoir un copain...".

mercredi 12 octobre 2016

Direct le platane


Souvent je prends des photos sans savoir à quoi elles serviront, mais j'ai toujours les illustrations du blog à l'esprit. Dans le passé, cela fait tout de même douze ans que je publie un article par jour, lorsque j'étais sec je regardais les images que j'avais mises de côté pour voir si l'une d'elles m'inspirait. Ces dernières années j'ai écrit de plus en plus de chroniques, disques, DVD, bouquins, comptes-rendus d'expositions... Lorsque je voyage il y a une évidence, mais, sédentaire, je risque de tourner en rond, du moins sur l'écran de mon ordinateur.
Il y a trente ans j'aurais écrit "sur le papier", mais les temps ont changé. J'ai rempli des cahiers entiers, de pensées intimes, d'ébauches de projets, de croquis, de choses à faire, près de quatre-vingt. C'est comme ma base de données. J'ai commencé par recopier les notes de pochette des disques que j'empruntais à des copains et que j'enregistrais sur bande magnétique, puis sur cassette. Pareil pour les émissions de radio que je cochais sur Télérama. J'ai fait des fiches par artiste, renvoyant aux numéros de bande. Et puis un jour il a fallu tout recopier sur FileMaker Pro, comme le carnet d'adresses. Aujourd'hui j'ai abandonné cette nomenclature, me fiant dangereusement au champ de recherche de Spotlight. Le problème, c'est que c'est réparti sur plusieurs disques durs externes de 3 To. Les anciens fichiers sauvegardés sur CDR, puis DVDR, sont indexés sur Tri-Back-Up, mais les plus récents ?
De toute manière j'ai emmagasiné beaucoup trop de choses. Il faut que je me débarrasse de quantité de livres que je ne relirai jamais et de disques que je n'écouterai plus, jeter les centaines de VHS qui encombrent mes étagères, donner mes collections de revues (Actuel, L'Art Vivant, Photo, Zoom, 40 ans de Cahiers du Cinéma...) si je n'arrive pas à les vendre. Je garde les livres d'images, la poésie, les auteurs qui m'ont façonné. Les vinyles ont déjà été expurgés, mais je conserve le classique et le contemporain, le rock et le jazz qui me bottent encore, la chanson française et la voix des auteurs, les disques de mon enfance et les trucs les plus bizarres. Cela constitue encore un sacré métrage et son poids lourd. Je vendrais bien ma collection de timbres, mais je ne sais pas à qui m'adresser sans me faire arnaquer. Il faut aussi grimper au grenier et faire de la place. Il y a là de vieux vêtements, des cartons vides, mais aussi toutes les archives d'Un Drame Musical Instantané, des kilos de partitions et de coupures de presse. Cela demande beaucoup de courage.
Je regarde le vieux platane de La Ciotat dont les feuilles d'automne envahissent la terrasse et le gravier. C'est peut-être avec cela que l'on faisait du papier ? Je regarde le vieux platane et je me dis que les arbres sont une des rares choses qu'il faudrait préserver. Le reste n'est que vanité.

mercredi 5 octobre 2016

Cultiver son jardin


Lundi et mardi, après un puis deux articles sur des disques qui viennent de sortir, je n'avais pas envie que l'on me prenne par erreur pour un journaliste. D'autant que les semaines passées j'avais chroniqué ceux d'André Minvielle, Michèle Buirette, Daniel Erdmann, Ursus Minor, l'ONJ, plus l'exposition Hergé au Grand Palais et celle sur le rêve à Marseille, sans compter les DVD, etc. Mon actualité de compositeur étant plus calme depuis la rentrée de septembre, je ne m'activais pas moins en studio où je prépare plusieurs albums...
C'est donc au jardin que je me retrouvai face à moi-même, moment de détente que j'alterne avec la position allongée sur le dos, comme me le conseille mon kiné Mézières. Le matin et/ou le soir je profite du sauna que nous venons d'y installer et qui m'oblige à rester tranquille pendant une bonne vingtaine de minutes !


Car je ne tiens pas en place. Hyperactif, incapable de procrastination, je fais ce qui est à faire à l'instant où j'y pense ou si l'on me sollicite. Cela commence très tôt le matin alors que j'éteins bien tard le soir. L'automne m'occupe aussi à balayer les feuilles qui se ramassent à la pelle. Le charme perd ses fleurs, et persifleur, je dirais que le vent est tel qu'il en tombe autant derrière moi que j'en balaie devant. Elles ressemblent à de minuscules feuilles d'érable à trois folioles. Je lis que ce sont en réalité des fruits, akènes ligneux de 3 à 6 mm de long, attachés à une bractée en forme de feuille trilobée qui forme une aile favorisant leur dispersion... Je déverse tout cela dans le compost que Françoise a installé intelligemment et qu'alimentent gentiment deux ou trois voisins.


Je fuyais le journalisme et me voici botaniste (ou composteur de musique, comme le suggère ma cousine Susy), m'éreintant stupidement alors que Fiona m'a délivré une séance géniale de shiatsu le matin-même. En ce qui concerne mes articles, je tiens à préciser encore une fois qu'il s'agit pour moi d'un acte militant face à la faillite de la profession. J'adore découvrir de nouveaux talents, défendre des artistes méconnus victimes de l'injustice du système, donner un coup de pouce aux plus jeunes, en résumé transmettre avec la même énergie et la même foi ce que les aînés qui ne sont plus là ont eu la générosité de me léguer. Pensée récurrente à mon papa qui vit au dessus de mon épaule comme un Jiminy le criquet, à Frank Zappa qui m'a mis le pied à l'étrier, à Jean-André Fieschi qui m'a tant appris et donné le moyen de continuer à apprendre, à Bernard Vitet qui fut mon camarade et mon complice pendant plus de trente ans... Les autres se reconnaîtront dans la longue liste cachée sous les crédits de drame.org !


Je me réfugie donc dans la petite baraque au fond du jardin pour suer un bon coup avant douche glacée. La pseudo chromothérapie me suggère de choisir le rouge lorsque je souhaite doper mon métabolisme et le bleu pour me reposer. Voilà ainsi plusieurs nuits où je dors d'une traite pour avoir branché les infrarouges après le film, un peu avant d'aller me coucher... J'ignore si le sauna me fatigue ou me dynamise, ou peut-être les deux, mais je me sens incroyablement mieux depuis quelque temps, malgré les mauvaises nouvelles que l'actualité ne cesse d'apporter et qu'il est indispensable de combattre, même en pure perte.