70 Perso - avril 2018 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 26 avril 2018

Un autel à nos noms


C'est malin ! Je vais me faire repérer dans le quartier, déjà que Bientôt orne notre façade... Ella & Pitr s'amusant de temps en temps à nous appeler Papa Maman, les voilà qui s'affublent de mon patronyme et signent sauvagement le trottoir des Lilas. Je n'étais pas au courant, la mise en scène datant d'au moins quelques mois, lors de l'un de leurs derniers passages à Paris. Comme ils ne choisissent jamais le lieu de leurs méfaits au hasard, ils ont créé un petit autel à partir d'un trou dans le mur et d'un pissenlit en offrande. Justement, je feuilletais hier le catalogue allemand de l'exposition Altäre sous-titré "l'art de s'agenouiller" (Kunst zum Niederknien, auf Deutsch bitte) qu'avait réalisé Jean-Hubert Martin à Düsseldorf fin 2001. Le terrible avec la plupart des expos c'est que leur éphémérité n'est contredite que par la mémoire et le catalogue, contrairement aux musées épinglés comme des papillons. Les autels en disent long sur les peuples qui les honorent. Pour un citadin, une fleur qui se joue du bitume n'a rien pour me déplaire, d'autant qu'elle n'était probablement pas là quand les deux artistes ont tagué le trottoir. Les couleurs sont printanières. J'aime que ça vive, de vif ou mis à nu. Mais l'énigme vient de la petite voûte creusée dans le mur de ciment. Comme si le métal avait ouvert une brèche sur la rue ou que l'alcôve abritait une relique urbaine, une sorte de paramécie énorme. L'unicellulaire me fait ciller à mon tour. Je me penche pour immortaliser la scène. Presqu'à genoux ! Avec même un point d'exclamation que je n'avais pas remarqué en marchant vers la maison... Comme souvent dans les tableaux, le cadre révèle ce qu'on ne voit pas.

vendredi 6 avril 2018

Higelin, Cecil Taylor, Isao Takahata, un merle...


Nous avons plusieurs fois évoqué notre première rencontre. J'avais 5 ans, Jacques en avait 16. Mon père qui produisait Nouvelle-Orléans avec Sidney Bechet au Théâtre de l'Étoile lui avait donné son premier engagement. À chacune des cinq répétitions auxquelles j'assistais, je m'accroupissais au fond de la loge pour ne pas assister à son entrée en scène : il bondissait sur scène déguisé en indien avec un grand cri qui me terrorisait. Je refaisais surface aussitôt après. C'est mon plus ancien souvenir de spectacle. Soixante ans plus tard, profonde tristesse.
D'autant que j'apprends le même jour la mort de Cecil Taylor, une autre histoire, au Québec celle-là, nous étions les seuls spectateurs de sa répétition solo qui dura plus d'une heure... Pas de coiffe de plumes ni de tomahawk, mais juste un survêtement et le piano. Magique...
Et puis Isao Takahata (Le tombeau des lucioles, Mes voisins les Yamada...), mon préféré des Studios Ghibli. Ça fait beaucoup pour ce jour de printemps où le merle a repris son petit boulot !